L’abondance des daurades n’est pas une bonne affaire
Chaque début d’automne, le cours de ce poisson s’effondre
C‘est un rituel. Comme tous les ans, aux premiers froids de l’automne, les daurades vont quitter les eaux devenues trop fraîches de l’étang de Thau pour retrouver la Méditerranée, s’y reproduire et y mourir. Un cycle immuable qui fait le bonheur des pêcheurs, qui sont des centaines à s’amasser côté Plagette ou PointeCourte à Sète (Hérault).
Cette pêche miraculeuse a, cependant, des conséquences économiques : l’afflux soudain de l’espèce sur les étals fait s’effondrer le cours. « C’est au moment où sa chair est la meilleure, après s’être engraissée tout l’été, qu’elle est bradée », souligne Robert Rumeau.
Le pêcheur est à l’origine du projet Valdora (valorisation de la dorade de pêche de sortie d’étang). Une idée astucieuse pour conserver les poissons en viviers et réguler leur vente sur plusieurs mois. Mais c’était un projet beaucoup plus complexe qu’il n’y paraissait. «Mais on a réussi. Après deux mois et demi en viviers, il y a moins de 2,5 % de perte sur la masse et une perte de poids limitée à 2,5 % », explique-t-il.
Une «réussite technique»
Après avoir apporté la preuve de la « réussite technique et de (la) viabilité financière » de Valdora, Robert Rumeau a passé la main à Denis Talado, à ses côtés depuis le début. Une aventure soutenue à hauteur de 93 115 € par l’Europe, Sète agglopôle, le Cépralmar (Centre d’étude pour la promotion des activités lagunaires et maritimes), le département. Et l’appui scientifique de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer).
C’est l’une des réussites du projet : ces poissons restent sauvages, car ils ne sont pas nourris artificiellement. 800 kg d’entre eux ont été vendus en 2019. L’idée pourrait faire florès : à Leucate, confronté au problème de la chute des cours, des professionnels vont à leur tour tester cette initiative.