Le Montpellier « très poétique » de Juliette Gréco
Juliette Gréco, décédée mercredi, est née dans le quartier des Arceaux
De ces jeunes années à Montpellier, où son père, commissaire de police, était affecté, Juliette Gréco gardait « une image très poétique ». L’idole de Saint-Germain-des-Prés, décédée mercredi à l’âge de 93 ans, a vu le jour un matin d’hiver, en 1927, au 2 de la rue Doria. Le médecin avait annoncé à sa mère qu’elle était un garçon, avant de se reprendre, aimait-elle raconter.
« Nous nous promenions dans les jardins du Peyrou, avec ma mère. » Juliette Gréco, en 2012
Dans cet immeuble des Arceaux, elle a vécu jusqu’à ses 3 ans, avec sa mère et sa soeur. « De notre maison, je ne me souviens que d’un grand couloir sombre, avait-elle confié, en 2012, à 20 Minutes. Nous nous promenions très souvent dans les jardins du Peyrou avec ma mère. Lorsque j’étais petite, je trouvais là une atmosphère magique, de conte de fées… Quelque chose de très beau, comme un rêve. J’ai aussi le souvenir des jeux avec les autres enfants et du parfum des glaces que l’on mangeait au Peyrou. » Jamais elle n’était revenue rue Doria, jusqu’à ce jour d’octobre 2012, où la ville de Montpellier l’avait faite citoyenne d’honneur. Au bras de son mari, le pianiste Gérard Jouannest, elle avait dévoilé une plaque, sur la façade de l’immeuble qui l’a vu grandir. « Il a tout de même fallu qu’elle ait 85 ans pour que Montpellier lui rende hommage, confie Talaat El Singaby, le directeur des Internationales de la guitare, qu’elle clôturait cette annéelà. Elle était très émue. Mais elle a dit quelque chose de très espiègle : “Je suis née à Montpellier, mais je suis venue au monde à Paris”. » Si on l’a, en effet, plus vue au Café de Flore que sur la Comédie, sa médaille de
Montpellier, elle l’avait brandie, fièrement, devant une nuée de photographes. « Cette distinction signifie beaucoup pour moi, Montpellier est une ville chargée d’histoire, qui a nourri les ambitions résistantes de Jean Moulin, avait confié l’artiste. C’est une ville jeune et pleine d’espoir. Tout ce que j’aime. »
Le soir même, dans un Opéra Berlioz plein à craquer depuis des semaines, Juliette Gréco avait chanté La môme, Déshabillez-moi ou La Javanaise. « Elle a fait un concert mémorable de 100 minutes, sans entracte, sans prendre une seule gorgée d’eau, avec une énergie qui avait transporté le public, reprend Talaat El Singaby. C’était invraisemblable. Elle n’a jamais vieilli, elle était jeune, moderne. »