20 Minutes (Montpellier)

«Mon parcours sur YouTube est miraculeux »

Le youtubeur n°1 en France, également chanteur, s’est confié à «20 Minutes» à l’occasion de la sortie de son premier album.

- Propos recueillis par Clément Rodriguez

Il est parfois difficile de sortir des cases, de se frotter à d’autres univers, conquérir un nouveau public. C’est la mission que s’est donnée Squeezie, qui sort ce vendredi son premier album, Oxyz. Le youtubeur, premier de France avec ses vertigineu­x 15 millions d’abonnés, a travaillé pendant plus d’un an sur ce nouveau projet, a voyagé jusqu’au Japon pour l’enregistre­r, et prévoit une série de concerts lorsque les conditions sanitaires le permettron­t.

A quel moment vous êtes-vous dit que vous alliez vous lancer dans la production d’un album ?

C’est après avoir fait les faux hits de l’été sur ma chaîne YouTube. On a travaillé avec Kezah, un gars qui bossait vraiment dans le milieu de la musique plus que sur YouTube, avec les gens qui font ça à plein temps. Au début, on a commencé juste pour kiffer, et puis avec le temps, je me suis dit que j’avais envie de faire un album.

Les échecs sont un thème récurrent dans l’album. Pourquoi avoir choisi d’en parler autant ?

C’est l’occasion de parler plus largement de ses faiblesses, d’expérience­s un peu marquantes. Dans un format YouTube, ce n’est pas très amusant. Dans les vidéos, les gens s’attendent à des trucs cool en fin de journée, qui leur font passer un bon moment. S’ils arrivent sur une vidéo et que je leur dis que j’ai envie d’être seul et de tout plaquer, ce n’est pas le mood. C’était plus intéressan­t de parler de ça en musique, c’est peut-être pour ça que j’en ai un peu abusé.

Vous avez annoncé une tournée. Sait-on pour quand elle est prévue ?

Ça devait être du 6 novembre au 10 décembre, mais le Covid a dit non. Là, on est sur 2021. Ça peut être soit en début d’année, soit juste avant l’été, on ne sait pas encore quand, parce que la situation évolue trop vite. Je devais faire 24 dates dans toute la France dans des salles entre 1 000 et 2 000 places.

Etre le premier youtubeur français, est-ce que ça met une pression supplément­aire ?

Tu as plus de responsabi­lités. Je touche beaucoup de gens et il faut que je fasse attention. C’est le seul truc qui change, sinon le reste c’est la même chose. A part que financière­ment, on est plus confort, on peut kiffer un peu plus. Ce confort financier fait qu’il y a plein de questions que je ne me pose pas quand je fais une vidéo. C’est un vrai luxe.

Dans plusieurs chansons, vous n’hésitez pas à clasher le milieu de YouTube…

Je n’aime pas faire un faux portrait de mon milieu. Il est comme tous les milieux, il y a plein de trucs cool, très positifs et bienveilla­nts, et il y a aussi beaucoup de trucs de merde, que ce soit sur le devant de la scène ou en coulisses. Je me suis dit que dans l’album j’allais parler des deux.

Quand on vous dit que vous êtes un youtubeur qui se prend pour un chanteur, est-ce que vous y prêtez attention ?

Cette phrase est intéressan­te. Moi aussi, je le disais avant. Dans quelques années, je pense qu’on acceptera beaucoup plus facilement qu’un mec qui fait des vidéos fasse de la musique, que ça peut être cool que des gars s’essaient à d’autres milieux. Ce qui se joue aussi, c’est la peur que quelqu’un que tu aimes pour son travail y accorde moins d’importance. Le temps montrera que les deux sont possibles. Il n’y aura pas moins de vidéos, et cet album, il faut le voir comme un bonus. Le plus important, c’est que ça plaise à ceux qui me suivent depuis longtemps.

Etes-vous toujours aussi attentif aux commentair­es, et au nombre de likes et de vues ?

Quand je sors un truc et que les gens n’accrochent pas, je me demande comment ça se fait. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que si je déçois trop, c’est terrible. Et puis ça fait longtemps que je suis là, je ne peux pas décevoir les gens. Il fut un temps où j’étais vraiment addict aux chiffres et je pense que tous les youtubeurs passent par là. Ça fait à peu près trois ans que je me suis soigné de ça, parce que c’était l’enfer.

Dans Loin, vous chantez : « Ils m’ont déçu, c’était prévu. » Avez-vous des regrets ?

Pas du tout. Je suis content de tout mon parcours. Même les erreurs sont belles, ça te fait grandir d’un coup, tu apprends des choses. On se relève toujours. Je ne changerais pour rien au monde le parcours que j’ai eu sur YouTube, qui est miraculeux.

« Cet album est l’occasion de parler de mes faiblesses. »

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