20 Minutes (Montpellier)

Elite face à un défilé d’accusation­s

Gérald Marie, ex-patron de l’agence de mannequins, est accusé d’agressions sexuelles et de viols

- Philippe Berry, en Californie, et Vincent Vantighem, à Paris

A près de 70 ans, Gérald Marie est encore considéré comme une sommité du monde du mannequina­t. C’est lui qui a popularisé le concours Elite Model Look à la fin des années 1980. Aujourd’hui, c’est pour d’autres raisons qu’il risque de faire parler de lui alors que la fashion week s’ouvre ce lundi à Paris. Selon nos informatio­ns, l’ancien patron d’Elite Europe est visé par une série d’accusation­s d’abus sexuels remontant aux années 1980 et 1990. Samedi, Gérald Marie a « catégoriqu­ement démenti» auprès du Sunday Times les accusation­s le visant.

Du dîner au «bar à putes»

Avocate des quatre femmes à l’origine de la procédure, Anne-Claire Le Jeune sait que les faits dénoncés remontent à plus de vingt ans et ne peuvent plus, pour l’essentiel, entraîner de poursuites.

Mais elle assume sa démarche. «Dans de nombreux dossiers similaires, les témoignage­s de victimes de viols, même prescrits, ont permis d’encourager d’autres victimes à prendre la parole et à déposer plainte à leur tour», confiet-elle. Elle espère donc que le parquet ouvrira une enquête préliminai­re. Si tel est le cas, le témoignage de Lisa Brinkworth, auquel 20 Minutes a eu accès, y figurera en bonne place. Cette journalist­e britanniqu­e est parvenue, à la fin des années 1990, à infiltrer le monde des agences de mannequins afin d’enquêter pour la BBC sur les soupçons d’abus sexuels. Dans ce cadre-là, elle se retrouve à Milan, le 5 octobre 1998. Au dîner, il y a des cadres de l’agence Elite, dont Gérald Marie et plusieurs mannequins, certaines âgées d’à peine 16 ans. Elle filme la scène avec une caméra cachée dans son sac à main. Après lui avoir demandé de payer l’addition en faisant des fellations, Gérald Marie propose à Lisa Brinkworth de poursuivre la soirée dans «un bar à putes». Dans cet établissem­ent, l’agent de mannequins insiste. «Je te donne 1 million de lires [l’équivalent de 600 €] si je te baise!» L’un des associés de Gérald Marie tente même de la convaincre : « C’est le patron d’Elite, tu ne connais pas ta chance…»

« Je pouvais sentir son érection. J’étais terrifiée. » Lisa Brinkworth, plaignante

La journalist­e résiste. Mais, selon son récit, « tout à coup, Gérald Marie s’est assis à califourch­on sur moi et a simulé un acte sexuel, raconte-t-elle à 20 Minutes. Je pouvais sentir son érection. J’ai essayé de le repousser. J’étais terrifiée. J’ai cru qu’il allait me violer. Tous les agents d’Elite riaient. » Avec le recul, Lisa Brinkworth se dit qu’elle doit sans doute son salut au fait qu’elle ne s’est pas retrouvée seule avec Gérald Marie. Ce n’est pas le cas des trois autres plaignante­s qui ont signalé des faits de viols et de viol sur mineur au parquet de Paris. Contacté par 20 Minutes, Gérald Marie n’a jamais souhaité répondre à nos questions.

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Gérald Marie, entouré de trois gagnantes du concours Elite France, en 2007.

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