Des pesticides dans l’air en Occitanie
Une première étude a été délivrée jeudi par l’Observatoire de l’air
Trêve de suspense. A la question « Y a-t-il des pesticides dans l’air que respirent les habitants d’Occitanie ? », la réponse de l’Observatoire de l’air est oui. Il a dévoilé jeudi les résultats d’une campagne de mesures continues effectuées en 2018 et 2019 sur huit sites de la région, des contreforts viticoles de l’Aude aux vergers du Tarn-et-Garonne, en passant par les métropoles ou les cultures céréalières du Lauragais.
Entre les herbicides, les insecticides et les fongicides, sur 110 molécules recherchées, 61 ont été détectées par les capteurs, avec une répartition somme toute logique en fonction des cultures dominantes, des saisons et des aléas météo : des herbicides en continu dans le Lauragais, avec un petit pic au printemps par exemple, ou encore une prédominance de fongicides près des vignes du Lot ou de l’Aude. Dans ce dernier secteur, le grand pic de l’été 2018 est dû à une « attaque » de mildiou, liée aux conditions particulièrement humides. Le site audois, gardé secret, est d’ailleurs le seul des huit à se distinguer par des concentrations en pesticides supérieures à la moyenne nationale. En nombre de pesticides détectés, le site du Tarn-et-Garonne, au carrefour de diverses pratiques agricoles est, avec 39 substances, le plus « atteint ». Mais derrière, on retrouve Toulouse (34, dont l’herbicide prosulfocarbe) et Montpellier (27, dont le fongicide Folpel). Autant dire que les urbains qui se croient à l’abri des pollutions agricoles se font des illusions. « Ce constat permet d’effacer certaines idées reçues et de constater que les phytosanitaires se déplacent avec les masses d’air », note Dominique Tilak, la directrice d’Atmo Occitanie.
Perturbateurs endocriniens
Pour les seuls pesticides considérés comme des perturbateurs endocriniens, on en retrouve 26 dans le Tarn-et-Garonne, 18 à Toulouse et 14 à Montpellier, mais seulement 4 dans le Lauragais ou le site gardois. Evidemment, la principale question est celle de l’impact de ces produits phytosanitaires sur la santé. « Mais ce n’est pas notre propos, l’idée est de bancariser ces données et de les communiquer aux autres acteurs, sanitaires ou agricoles », recadre Régine Lange, viceprésidente d’Atmo Occitanie.
Elle rappelle par ailleurs qu’à la différence des autres polluants, il n’existe pour l’heure aucune norme, aucun seuil officiel, « alors que c’est une des principales préoccupations des habitants de la région ». Et l’un des constats de l’étude ne va pas les rasséréner : la substance la plus détectée en Occitanie est le Lindane, un insecticide interdit… depuis 1998. « Mais bien connu pour sa rémanence », pointe Dominique Tilak.
Les Montpelliérains et les Toulousains ne sont pas à l’abri des pollutions agricoles, selon l’étude d’Atmo