20 Minutes (Montpellier)

Station F, incubateur d’inclusion

Le campus géant accueille plusieurs dizaines de start-up consacrées au handicap

- Lise Garnier

« Les technologi­es qui ont un impact sur la vie des individus ont le vent en poupe. Les gens sont à la recherche de solutions concrètes pour améliorer leur quotidien », constate Grégoire Martinez, le directeur de la communauté et de la communicat­ion de la Station F, le plus grand campus de start-up au monde. Le bâtiment parisien héberge plus de 1000 jeunes entreprise­s parmi lesquelles plusieurs dizaines qui travaillen­t autour du handicap. Ces deux dernières années, leur nombre a d’ailleurs considérab­lement augmenté. « Station F est un levier extraordin­aire et l’écosystème qu’il y a autour est très utile. Il permet beaucoup d’interactio­ns, des mises en relations avec des start-up basées dans d’autres incubateur­s et la création de microcommu­nautés de travail », explique Yves Cornu, directeur général de Facil’iti. Incubée à Station F depuis deux ans, la jeune pousse développe une solution d’accessibil­ité numérique qui adapte l’affichage d’un site Web en fonction des besoins de l’internaute. Concrèteme­nt, « on propose des interfaces pour les personnes malvoyante­s, daltonienn­es, celles ayant une motricité réduite de la main, comme les malades de Parkinson, ou encore pour les personnes dyslexique­s », précise le DG. Les zones de clics vont par exemple s’agrandir, les caractères se colorier, etc., dans le but de « redonner du sens à la lecture ». Du sens, Yves Cornu en a d’ailleurs trouvé à Station F : « Facil’iti étant à l’origine basé à Limoges, avoir un pied-à-terre à Paris nous permet de monter des projets communs. Par exemple, j’ai rencontré ici les gens d’une entreprise qui fait de la collecte de données pour des produits d’e-commerce. Actuelleme­nt, on discute ensemble. Si nous n’étions pas à Station F, nous ne les aurions jamais rencontrés. Ce lieu est un incroyable vivier de compétence­s. »

Entraide et échanges

Toujours au sein de l’incubateur, on trouve la start-up Omni qui utilise la trottinett­e électrique pour motoriser le fauteuil roulant. Cette idée originale vient de cinq personnes dont Charlotte Alaux : « Mes quatre collègues sont valides et moi je suis en fauteuil depuis mes 4 ans. Ils ont utilisé des fauteuils roulants lors d’une formation il y a deux ans et c’est à ce moment-là que nous avons eu l’idée de créer une solution motorisée inclusive. »

L’entreprise développe un système de fixation qui permet de relier une trottinett­e électrique à son fauteuil roulant pour 690€. Quand on sait qu’une roue électrique peut coûter plusieurs milliers d’euros, l’alternativ­e Omni, à laquelle il faut ajouter l’achat de la trottinett­e motorisée, est attrayante. Pour ce qui est de l’installati­on, « il suffit de glisser le fauteuil sur la trottinett­e et de le fixer », explique Charlotte Alaux. « Les premiers retours sont très positifs et ça change le regard sur le handicap en rendant le fauteuil roulant ludique. »

A Station F, elle aussi a trouvé son compte : « On échange avec d’autres start-up qui n’ont rien à voir avec ce qu’on fait et cela nous permet de réfléchir ensemble au sujet des relations presse, du financemen­t, du management, mais aussi de s’entraider et d’échanger nos savoirs. » Omni lance actuelleme­nt une campagne de crowdfundi­ng et sa première série de fixations sera livrée en mars.

« Ce lieu est un incroyable vivier de compétence­s. » Yves Cornu, DG de Facil’iti

Newspapers in French

Newspapers from France