Grâce à Tech’air, les malades respirent
Les 130 salariés de l’entreprise adaptée Tech’air fournissent des pièces indispensables à la lutte contre l’épidémie
Qui aurait cru que la lutte contre le Covid se jouerait dans un bâtiment de la zone industrielle de Villiers-le-Bel (Vald’Oise) ? Nous sommes* chez Tech’air, un établissement et service d’aide par le travail (Esat), qui produit des dispositifs médicaux. Ici, tout a changé au mois de mars quand le carnet de commandes a explosé. « Nous produisons une pièce en plastique, essentielle aux respirateurs artificiels de la marque Air Liquide, explique HenriAurélien Chopinaud, le directeur. Il en faut un par patient et nous livrons dans le monde entier. » De 400 exemplaires hebdomadaires, l’entreprise est passée à 20 000.
« Nous employons 130 travailleurs handicapés qui ont tous des raisons de rester chez eux, sauf que le 17 mars, jour du confinement, 40 se sont portés volontaires pour travailler. » Si la cadence a ralenti cet été et que tous les employés ont réintégré les locaux, la lutte n’est pas terminée. « En juin, nous avons eu à conditionner un million de tests sérologiques rapides, précise Henri-Aurélien Chopinaud. Là, c’est la même chose pour les tests antigéniques. » Un rythme difficile pour les organismes : « Ils ont été résilients et, pendant deux mois, on a tenu grâce à l’excitation et à des mails de félicitations… Un journaliste du Figaro a écrit : “Ces travailleurs handicapés, nouveaux héros dans l’ombre des soignants”. Mais quelle fierté! Eux qui sont toujours stigmatisés, vous imaginez ? »
Une abnégation reconnue jusqu’au sommet de l’Etat, puisque Aurélien Chopinaud, le directeur, et Anne, employée de l’entreprise depuis vingthuit ans, ont été conviés pour représenter Tech’air au défilé du 14-Juillet. Anne, un peu plus loin, soude un fil. « J’étais fatiguée, on a beaucoup travaillé, mais je pense qu’on a sauvé des vies », glisse-t-elle. A côté, Christelle brûle les particules nuisibles qui pourraient se trouver sur ce fil. « Pour une fois, on n’est pas mis de côté, se réjouit-elle. Si ça peut montrer aux gens qu’on peut travailler et que ce n’est pas parce qu’on est dans une entreprise adaptée qu’on est incapable de faire des choses… » Bien au contraire.
« J’étais fatiguée, mais je pense qu’on a sauvé des vies. »
Anne, employée de Tech’air