Trump «donne son feu vert» pour céder le pouvoir, mais...
Le chercheur Alexis Pichard explique comment la transition va se dérouler
Après avoir nié pendant des semaines sa défaite à l’élection présidentielle américaine, Donald Trump a donné son feu vert lundi au processus de transfert du pouvoir à Joe Biden. Alexis Pichard (photo), auteur de Trump et les médias, l’Illusion d’une guerre ? (VA Editions), explique les conséquences que pourrait avoir cette amorce de transition.
Peut-on parler d’une officialisation de transition depuis lundi soir ?
Donald Trump paraît progressivement préparer sa sortie au gré de ses revers juridiques – environ 30 jusqu’ici – tout en refusant de passer pour un « loser » auprès de ses troupes. Sa décision, lundi soir, d’avaliser l’ouverture du processus de transition est une parfaite illustration de ce comportement bipolaire. Sur Twitter, il a annoncé avoir donné son feu vert dans l’intérêt du pays, en précisant que les recours juridiques se poursuivront et qu’il pense en sortir victorieux.
Une fois que les équipes travaillent ensemble à la transition, qu’est-ce qui est permis à la future administration Biden ?
Elle va recevoir des informations secret-défense et elle pourra rencontrer les agences ministérielles, et mobiliser des fonctionnaires pour l’aider à organiser la transition. Enfin, l’aval de Donald Trump permet de débloquer quelque 6 millions de dollars que Joe Biden va pouvoir utiliser afin de constituer son futur gouvernement et nommer des milliers de collaborateurs à des postes de fonctionnaire vacants.
Existe-t-il encore un risque que la transition se passe mal ?
Le fait d’avoir retardé de vingt jours la transition a déjà contraint les équipes de Joe Biden à travailler sans avoir accès à des informations qui leur auraient permis de prendre de l’avance sur certaines affaires d’importance, comme la pandémie de Covid-19. L’administration Trump pourra toujours mettre des bâtons dans les roues du futur locataire de la Maison-Blanche en ne donnant pas accès à tous les dossiers, par exemple. Mais, si Donald Trump souhaite servir l’intérêt général, comme il l’a annoncé dans ses tweets lundi soir, tout porte à croire qu’une passation de pouvoir en bonne intelligence va avoir lieu. Reste un point d’interrogation : nul ne sait quand le président déchu reconnaîtra sa défaite publiquement, de même qu’on ignore encore s’il quittera la Maison-Blanche le 20 janvier. En tout cas, Joe Biden a prévenu : s’il refuse de partir, Trump sera délogé manu militari par le Secret Service.