Il était une fois en Roussillon... le muscat de Noël
Ce vin primeur, dont la dégustation est une coutume ancestrale, a été remis au goût du jour en 1997, par des vignerons du Roussillon
Pour les fêtes, il y aura sans doute un muscat de Noël à table. C’est le premier mis en bouteilles et il se boit de fin novembre à fin janvier. Une véritable tradition. « Depuis longtemps, les producteurs dégustaient leur muscat primeur dans leurs caves, mais ne le commercialisaient pas, raconte Anne-Laure Pellet, la directrice du Conseil interprofessionnel des vins du Roussillon. La tradition remonterait au Moyen-Âge. Il se dit qu’au
XVe siècle, les souverains de la cour de Barcelone buvaient du muscat pour les fêtes de la Nativité. »
Mais personne n’avait jamais eu l’idée de mettre en bouteilles et de vendre ce vin primeur. C’est à des vignerons du Roussillon que l’on doit cette idée, en 1997 : Fernand Baixas et PierreHenri de la Fabrègue, au domaine de Rombeau. Jacques Paloc, qui était alors le responsable local des appellations d’origine, était à leurs côtés. « Fernand [Baixas] devait d’abord faire un vin pour les Anglais, un Christmas Pudding Wine », se souvient Jacques Paloc. Finalement, le vigneron a mis le muscat en bouteilles plus tôt, et « ça marché tout de suite », reprend l’ancien ingénieur.
Un cahier des charges strict
En 2009, l’Europe a même accepté que soit intégrée une mention, au sein de l’appellation d’origine protégée (AOP) du muscat de Rivesaltes, reconnaissant officiellement ce vin. « C’est un vrai conte de Noël, car d’ordinaire, ce type de reconnaissance est très compliqué à mettre en place, reprend Jacques Paloc. C’est une histoire de copains, au départ ! » Mais le cahier des charges est strict : dans le Roussillon, ce vin ne peut être produit qu’à partir de deux cépages, le muscat petit grain et celui d’Alexandrie, dans 89 communes des PyrénéesOrientales et 9 de l’Aude.
Si, d’ordinaire, une centaine de vignerons du Roussillon en fabriquent, cette année, avec l’épidémie et des aléas sur les vignes, la production a baissé : 80 producteurs, soit 400 000 bouteilles, arrosent la France, mais aussi la Belgique, qui raffole du breuvage. Et si le Roussillon fut un pionnier, d’autres se sont emparés ensuite de la tradition : il existe un muscat de Noël à Lunel et à Saint-Jean-de-Minervois.