Université
Privés de cours, les étudiants en colère sur les réseaux
Le mouvement est parti d’une petite phrase de Frédérique Vidal dans les colonnes du Monde. Le problème, « ce n’est pas le cours dans l’amphithéâtre, mais l’étudiant qui prend un café à la pause, un bonbon qui traîne sur la table », y expliquait la ministre de l’Enseignement supérieur pour justifier la fermeture des facs. « On se sent complètement infantilisé, absolument pas écouté », dénonce Lou-Ann Peiffer. La jeune femme et d’autres étudiants de sciences politiques de Montpellier ont décidé de lancer le mouvement #etudiantsfantomes sur les réseaux sociaux. Un hashtag devenu viral, parmi les grandes tendances de Twitter en France depuis quarante-huit heures. « On ne pensait pas être autant à ressentir le même malaise, reprend LouAnn Peiffer. On a reçu le témoignage de très nombreux étudiants en grande détresse sociale et victimes de décrochage scolaire. Je ne compte pas le nombre de fois ou le mot suicide est prononcé par ces étudiants que l’on prive de leur avenir. En début d’année scolaire, nous suivions les cours en présentiel et ça s’est passé d’une façon irréprochable. Pourquoi nous infantiliser aujourd’hui ? »
«Les portes du décrochage»
Cette colère est partagée par le doyen de la fac de droit et de science politique, Guylain Clamour, très remonté contre le gouvernement. «Notre devoir (…) est de se lever et de s’élever pour faire entendre notre voix, explique-t-il dans une lettre ouverte aux étudiants. Alors que vous avez été exemplaires (…), on parvient à vous ouvrir les portes du décrochage.» Jeudi soir, Jean Castex a annoncé que les élèves en première année seraient autorisés à assister en présentiel par demi-groupe aux TD. Une mesure «insuffisante et inadaptée» pour le doyen. «Ça nous enlève un poids de voir que des personnes comme le doyen ou nos professeurs, nous soutiennent », reprend Lou-Ann Peiffer. Elle reçoit aussi « de nombreux messages de parents très inquiets de constater que l’avenir de leurs enfants est en danger ».