20 Minutes (Montpellier)

Le surf, un «outil de résilience» pour d’exenfants-soldats

Au Liberia, Arthur Bourbon et Damien Castera ont parlé avec d’ex-enfantssol­dats qui, grâce au surf, se reconstrui­sent

- Propos recueillis par Aymeric Le Gall

Quinze ans après la fin de la guerre civile, qui a fait 250 000 morts, les surfeurs pros et aventurier­s Damien Castera et Arthur Bourbon se sont envolés pour le Liberia, à la rencontre d’une génération qui tente de se reconstrui­re grâce au surf. De là est né « Water get no enemy », un documentai­re disponible en VOD sur différente­s plateforme­s.

Comment est né ce projet de documentai­re sur les enfantssol­dats devenus, avec le temps, des enfants-surfeurs ?

Damien Castera : Tout est parti de la photo d’une vague qu’on avait vue dans un magazine ou sur Internet. On s’est renseignés sur l’histoire du pays et on s’est rendu compte qu’il y avait, aujourd’hui au Liberia, l’émergence de la première génération de surfeurs après des années de guerres et d’horreurs. On a trouvé que l’idée de parler du surf comme outil de résilience pour ces anciens enfants-soldats, mais aussi pour les génération­s futures qui n’ont pas connu ça, était très intéressan­te.

Quelles ont été vos premières impression­s en arrivant sur place ?

Arthur Bourbon : On en a parcouru des pays pauvres, marqués par la misère et l’insécurité, mais, là-bas, c’est encore vraiment ravagé. C’est le quatrième pays le plus pauvre au monde. Mais les gens étaient heureux de nous accueillir, car ils savaient qu’on venait d’abord pour parler de surf. (...) On voulait montrer que c’en était fini des enfants-soldats et que, l’avenir, c’était les enfants-surfeurs. Il y a un contraste entre le passé et le présent. Quand on les voit sur l’eau, ils sont pleins d’énergie, ils ont le sourire. Ça fait plaisir à voir, surtout quand on sait ce que certains ont vécu quelques années auparavant.

Que leur apporte le surf ?

D.C. : Le surf, comme le sport en général, ça leur permet d’être dans le moment présent et d’oublier les horreurs du passé. Et puis, avec le surf, il y a un truc encore plus puissant, au-delà du contact avec la nature, c’est qu’on plonge sous l’eau, avec toute la symbolique qu’il y a derrière : se laver l’esprit, renaître.

« Ces anciens enfants-soldats sont encore rejetés par la société. » Damien Castera, réalisateu­r

Cela a-t-il été compliqué de les faire parler du passé, de rouvrir les plaies laissées par les deux guerres civiles ?

D.C. : Pour certains, c’était dur, oui. Ça remue des souvenirs qu’ils préfèrent garder enfouis dans leur mémoire. Ils ont vécu des choses tellement traumatisa­ntes que, moins ils en parlent, mieux ils se portent. Bien qu’ils n’aient pas décidé d’eux-mêmes de se lancer dans ces guerres, et qu’ils y ont été forcés pour la plupart, ils sont encore rejetés par la société.

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Au Liberia, les planches de surf ont remplacé les fusils d’assaut.

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