20 Minutes (Montpellier)

Brigitte, qui a donné son utérus à sa fille, témoigne

Toute jeune grand-mère, Brigitte a fait don de son utérus à sa fille, qui a pu devenir mère à son tour

- Propos recueillis par Rachel Garrat-Valcarcel

C’est un cas médical qui accumule les premières : en 2019, Deborah, alors 34 ans, a été la première femme en France à recevoir une greffe d’utérus. Le 12 février, elle est devenue la première en France à donner naissance à un bébé grâce à cet utérus greffé, à l’hôpital Foch, à Suresnes (Hauts-de-Seine). Le magazine de M6 « Zone interdite » a suivi, pour un documentai­re qui sera diffusé dimanche à 21 h 05, son parcours. La mère de Deborah, Brigitte, qui lui a donné son utérus, a répondu aux questions de 20 Minutes.

Les dons d’organes en famille ne sont pas rares, mais, en l’occurrence, il s’agissait d’une première en France. Pourtant, ce don semble avoir été une évidence pour vous…

Tout à fait. Je l’ai toujours dit : si, un jour, je pouvais lui donner mon utérus, je n’aurais pas de souci à le faire. Bien sûr, dans ce type d’opération, le risque zéro n’existe pas. Alors, Deborah a voulu demander l’avis à ses frères. C’était important que tout le monde soit sur la même longueur d’onde.

Dans le documentai­re, vous expliquez que vous vous en êtes « voulu » de ne pas avoir « donné » d’utérus à votre fille. Avez-vous vu votre geste comme une réparation ?

Non, pas du tout. Je n’ai pas cherché à me «racheter». Quand on met au monde un enfant, on se sent toujours un peu responsabl­e de ce qui lui arrive. Là, un syndrome a fait qu’elle est née sans utérus. On sait bien que ce n’est pas notre faute, c’est très rare. Mais il y a toujours ce petit quelque chose.

L’équipe médicale n’a pas vu d’inconvénie­nt à ce que vous soyez la donneuse ?

Dans les précédente­s greffes d’utérus qui ont été réalisées, en Suède ou ailleurs, la maman est souvent la donneuse. Ça aurait pu être une cousine de Deborah, mais elles ont à peu près le même âge, or il faut avoir au moins 40 ans pour être donneuse. Moi-même, même si je suis sa mère, j’aurais très bien pu ne pas être compatible. En tout cas, l’enfant de Deborah est le sien et celui de son mari, je n’ai fait que donner un « petit nid ».

La greffe a eu lieu il y a deux ans, mais il y a eu un contretemp­s pour l’implantati­on des embryons à cause de la pandémie. Avez-vous eu peur que le processus tombe à l’eau ?

Non. La preuve, Deborah a encore l’utérus. Il n’est pas encore enlevé pour éviter des complicati­ons. En Suède, certaines femmes qui ont bénéficié d’une greffe ont même eu un deuxième enfant. Cela aurait peut-être été plus compliqué si la pandémie était arrivée au moment du processus de greffe, à cause des déplacemen­ts limités et des hôpitaux surchargés. De toute façon, il faut bien comprendre que, tout au long du processus, on a eu de la chance. Entre le moment où on a signé le protocole et celui de la greffe, le temps de faire tous les examens, il s’est écoulé un an.

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 ??  ?? Brigitte (à g.) et sa fille, Deborah, dans le documentai­re qui sera diffusé dimanche, à 21h05, sur M6.
Brigitte (à g.) et sa fille, Deborah, dans le documentai­re qui sera diffusé dimanche, à 21h05, sur M6.

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