Défiance dans les rangs
Le chercheur Bruno Cautrès analyse l’impact de la crise sanitaire sur l’opinion des citoyens envers les politiques
Avec la crise sanitaire, l’opinion des citoyens à l’égard des politiques évolue, indique le baromètre Cevipof. Le politologue Bruno Cautrès commente cette dernière enquête.
Avec la persistance du Covid-19, le moral ne va pas fort. C’est ce que révèle, entre autres, le baromètre annuel du Cevipof*, le centre de recherches de Sciences po, publié lundi. Une crise sanitaire qui influence, aussi, le rapport entre citoyens et politiques a observé Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof, coauteur de l’étude.
Quel impact la crise sanitaire a-t-elle sur l’état d’esprit des Français ?
On voit que la lassitude (41 %, +13 points en un an) et la morosité (34 %, +12 points) sont en forte augmentation dans le pays, bien plus haut que lors du premier confinement. La morosité est aussi plus haute que lors des périodes d’attentats en 2015. Cela montre que le climat est lourd et pesant. En douze ans d’enquête, on s’est aperçus que les Français sont plutôt pessimistes.
Qu’en est-il de la confiance des citoyens à l’égard des politiques ?
Elle est en hausse pour tous les responsables politiques. C’est un réflexe normal en cas de crise. Mais un décalage existe selon les postes. Ainsi, 65 % des Français font confiance à leur maire (+2), 44 % à leur député (+7), mais seulement 37% au président de la République (+7).
Est-ce en raison de la gestion de la crise sanitaire ?
Seuls 37 % des Français estiment que le gouvernement gère bien la crise. On est loin des 56 % en Allemagne ou 48 % au Royaume-Uni. Cet écart entre la France et ses voisins s’est maintenu depuis un an, alors que l’exécutif assure qu’il fait mieux que le reste de l’Europe. Cela s’explique bien entendu par la traditionnelle défiance politique dans notre pays. Mais la communication de début de crise sur les masques, puis les tests, le traçage et la vaccination a laissé des traces.
* Enquête réalisée en ligne par OpinionWay du 20 au 31 janvier auprès de 2105 personnes inscrites sur les listes électorales.