L’Occitanie en avance sur les protections hygiéniques
Si la ministre a promis la gratuité des protections hygiéniques pour les étudiantes, de telles initiatives existent déjà en Occitanie
En Occitanie, on n’a pas attendu la promesse de Frédérique Vidal, la ministre de l’Enseignement supérieur, pour mettre des protections hygiéniques à la disposition des étudiantes sur les campus.
En 2019, Mélanie Jaoul, maîtresse de conférences à Montpellier Management, a eu l’idée de placer, dans les toilettes de son établissement, des paniers, avec des serviettes et des tampons. « C’est un accès difficile, voire quasi impossible, pour certaines, explique-t-elle. Quand elles ont payé les charges, il ne leur reste que 80 à 100 € par mois, pour manger, acheter des protections, et tous les à-côtés. J’ai installé des boîtes, et je les ai achalandées régulièrement, pour qu’elles n’aient plus à y penser. » Ce fut tout de suite un vrai succès. « Je les remplissais une fois, voire plusieurs fois par semaine. Et d’autres étudiantes et des personnels administratifs ont pris aussi le relais. »
Quatre distributeurs à Nîmes
A Paul-Valéry, début 2020, un distributeur de serviettes avec ailettes et de tampons avec et sans applicateur a été mis en place à l’Espace solidarité, sous l’impulsion d’associations. Mais c’est à l’université de Nîmes que ces distributeurs sont les plus nombreux : trois ont été installés dans les toilettes en septembre à Vauban, un à Hoche et un aux Carmes. C’est Louise Da Costa, présidente de Trace, une association contre la précarité étudiante, qui a porté le projet, avec l’université et le Crous. Épaulée par la faculté, elle recharge régulièrement le distributeur, par paquets de 100 serviettes, et 200 tampons. «Une fois par semaine, ou toutes les deux semaines, confie-telle. Sans le Covid-19, je suis persuadée que la gestion des stocks aurait été bien plus importante.» Elle a accompagné le projet d’un sondage : sur les 662 étudiantes qui y ont répondu, 22,8% ont confié qu’elles n’avaient déjà pas pu se procurer de protections hygiéniques par manque d’argent et 10,6% par honte d’aller en acheter. Et 2,6%, soit 17 étudiantes, se sentent même «tout le temps» en précarité menstruelle. «Fière d’avoir porté ce projet avant que cela se démocratise, que les mentalités bougent, qu’on ne reste pas planté en regardant la misère », confie Louise Da Costa.