20 Minutes (Montpellier)

«Le genre est une constructi­on sociale»

Transident­ité Le journalist­e Martin Weill évoque son reportage sur « La Révolution du genre», diffusé mardi

- Propos recueillis par Fabien Randanne

Ces derniers mois, le sujet de la transident­ité et, plus largement, des questions liées aux genres inspire de nombreux reportages. Mardi, c’était au tour de TMC de s’intéresser en prime time à «La Révolution du genre», réalisé par le journalist­e Martin Weill.

Pourquoi avez-vous choisi de consacrer une soirée à « La révolution du genre » ?

On réfléchit dessus depuis un moment. C’était important de parler de la transident­ité, mais aussi du genre. C’est un phénomène de société, les choses bougent – enfin ! – sur le sujet. Le genre structure les rapports que l’on a les uns avec les autres.

Dans le reportage, vous avez pris soin de ne pas citer les « dead names », c’est-à-dire les anciens prénoms des personnes trans interviewé­es…

Le «dead name» ou les pronoms peuvent paraître accessoire­s, mais ça ne l’est pas du tout, car c’est la façon dont une personne se définit ellemême. Il faut respecter cela. Ramener quelqu’un à son ancien prénom, c’est le ramener à son ancienne identité. Quand on sait que certains parcours sont parfois compliqués, quand on sait la transphobi­e qui existe dans la société et les réactions violentes que les personnes trans peuvent se prendre dans la gueule – pardonnez-moi l’expression –, il est très important de respecter la manière dont une personne se définit. C’est son droit. On voulait proposer une émission humaine, dans laquelle on s’intéresse à des personnes, et aussi à ce que ça dit de nous.

Ce que cela dit de nous… C’est-à-dire ?

Quand on commence à s’intéresser au genre, on se rend assez vite compte que la part de ce qu’on estime être de l’inné ou de l’acquis est complèteme­nt remise en cause. Le genre est une constructi­on sociale, c’est-à-dire que l’on assigne à un sexe un certain nombre de qualités, de façons de se comporter, de tempéramen­ts qui, même inconsciem­ment, finissent par structurer notre identité. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas de genres, mais qu’il faut peut-être décloisonn­er, rendre les choses moins binaires, moins sclérosées. Ce sont des évolutions intéressan­tes.

Comment convaincri­ez-vous celles et ceux qui estiment que remettre en question les genres est une dérive ?

Les personnes qui refusent de voir le changement ou qui veulent s’en détourner, c’est une chose. Moi, mon rôle de journalist­e est de documenter ce qui se passe dans la société. Aujourd’hui, beaucoup de jeunes se posent ces questions. Ce qui dérange des gens aujourd’hui, c’est qu’on se rend compte que la transident­ité existe chez les enfants. Leur parole se libère, ça fait peur à certaines personnes. Il y a beaucoup de bêtises qui sont dites là-dessus. Le psychiatre Serge Hefez a un discours rassurant. Dédramatis­er les choses est la meilleure manière de faire avancer le débat.

 ??  ?? Présenté par Martin Weill, le documentai­re a été diffusé mardi sur TMC.
Présenté par Martin Weill, le documentai­re a été diffusé mardi sur TMC.

Newspapers in French

Newspapers from France