Qui veut la peau du merlu en Méditerranée ?
La surpêche menace l’espèce dans le golfe du Lion
« Le merlu détient le triste record d’être l’espèce la plus surpêchée de Méditerranée. » Stephan Beaucher, délégué de l’ONG MedReAct en France, alerte sur l’effondrement des stocks. « Les captures sont quinze fois supérieures à ce qu’elles devraient être dans le cadre d’une exploitation durable dans le golfe du Lion. »
Laisser les juvéniles grandir
Une zone de pêche restreinte de 2000 km2 au large de Sète et de Barcelone a pourtant été créée par l’Union européenne en 2009, avec l’ambition de limiter les effets de la surexploitation. Mais avec une forme de statu quo sur le nombre de navires exploitant la zone.
«Il faut impérativement un effort de réduction des captures. Et laisser le temps ainsi aux juvéniles de grandir. Au moins cinq ans », souligne dans un rapport l’Ifremer, qui alerte sur la surexploitation démersale. Au premier rang desquels figure le merlu.
Selon l’association, une dizaine de navires français exploitent la zone 170 jours par an. « Les Espagnols ne l’exploitent plus. Les prises ne sont plus assez rentables pour justifier une journée de pêche à 150 km de leurs côtes. »
Afin d’éviter la disparition de l’espèce, l’ONG a demandé aux trois ministères concernés la fermeture totale de la zone de pêche. « Ça s’est fait en Adriatique, reprend Stephan Beaucher. Au début, les pêcheurs étaient opposés à cette option. Les stocks de merlu et de langoustine étaient en voie d’effondrement. Mais, en deux ans, la biomasse des merlus a doublé et celle des langoustines a quintuplé. Les espèces se reproduisent. Leur taille et leur poids augmentent de façon spectaculaire. »
Une solution à appliquer, selon lui, dans le golfe du Lion. « Les poissons, pour se nourrir, sortent de cette zone et sont capturés par les chalutiers. Les pêcheurs eux-mêmes en assurent le gardiennage. »