20 Minutes (Montpellier)

Dans les mains de Thomas Pesquet

Pour son deuxième séjour dans la Station spatiale internatio­nale, le Français va contribuer à une centaine d’expérience­s

- A Toulouse, Hélène Ménal

Si vous croyez qu’il va passer son temps à regarder le soleil se coucher 16 fois par jour ou à prendre des photos, vous êtes à des années-lumière de la réalité. Quand Thomas Pesquet décollera, le 22 avril pour son deuxième séjour dans la Station spatiale internatio­nale (ISS), c’est avec un programme d’une centaine d’expérience­s à poursuivre ou initier. Douze ont été concoctées par le Cnes. Elles seront pilotées depuis Toulouse par les ingénieurs du Cadmos*. « On est tournés vers un retour sur la Lune puis un voyage vers Mars, présente Sébastien Barde, sous-directeur Sciences et Exploratio­n du Cnes. Et il y a toute une série de points qu’il faut qu’on règle. »

> L’expérience la plus magique. C’est « l’expérience geste barrière », plaisante Rémi Canton, chef du projet Alpha au Cadmos. Elle consiste à déplacer des objets, tout petits, sans jamais les toucher. Avec Télémaque, Thomas Pesquet va emporter ce qui ressemble à un énorme pommeau de douche chromé. Cette « pince acoustique », qui crée un vortex d’ondes sonores, pousse les objets à se piéger dans une bulle de silence. Sur Terre, Télémaque ne déplace guère plus qu’une bille en polystyrèn­e. Là-haut, l’astronaute va bouger des billes de plastique. En médecine, la pince pourrait permettre de déplacer des calculs rénaux ou la délivrance ciblée de médicament­s dans l’organisme.

> La plus drôle, grâce au blob. On ne présente plus le blob, cet organisme unicellula­ire gluant et filandreux, héros du laboratoir­e d’Audrey Dussutour à Toulouse. La chercheuse du CNRS a mis 2 000 blobs de côté pour autant de classes, et quatre pour Thomas Pesquet. L’objectif sera pour lui d’observer pendant une semaine le comporteme­nt du blob en impesanteu­r, tandis que les élèves scruteront les leurs. Une expérience drôle. Davantage pour le blob que Thomas Pesquet abreuvera de flocons d’avoine que pour celui qu’il a pour mission d’affamer. « Il va tourner un peu puis sûrement se remettre en dormance », prédit Audrey Dussutour.

> Cerise sur le gâteau. Les emballages sont une plaie pour l’ISS. En particulie­r les mousses antichoc, à base de pétrole, des trousses ignifugées qui servent à ravitaille­r la station en matériel. Avec l’expérience Eco Pack, le Cnes va tester des matériaux de protection réutilisab­les. En premier lieu des parois en plaques recyclable­s, imprimées en 3D à base de polyesters produits par fermentati­on bactérienn­e. Mais l’expérience va plus loin avec des parois moelleuses en madeleine, pain d’épice ou pains de Gênes. Ces gâteaux ouvrent la voie à des repas non lyophilisé­s. Thomas Pesquet n’a pas encore goûté, mais ses préférence­s ont été prises en compte.

*Centre d’aide au développem­ent des activités en micropesan­teur et des opérations spatiales.

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Thomas Pesquet dans l’ISS lors de sa première mission.

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