De grands ados lisant
La crise sanitaire a accentué l’appétit de lecture chez les jeunes. Certains témoignent, à coeur ouvert, de cette passion dévorante.
Des activités culturelles et sportives suspendues, une vie sociale réduite… La crise sanitaire a bouleversé les loisirs des adolescents. Et si beaucoup d’entre eux se sont réfugiés devant leurs écrans, certains ont découvert le plaisir de la lecture. Caroline, 16 ans, fait partie de ceux que la crise du Covid-19 a transformés : «Je n’aimais pas forcément cela avant, mais, n’ayant rien à faire, j’ai essayé et je suis tombée amoureuse de la lecture. Je passe environ une dizaine d’heures par semaine à lire.» Chez les adolescents qui aimaient déjà bien feuilleter avant la crise, le fait de passer plus de
«A chaque fois, j’ai l’impression d’être dans ma bulle.» Justine, 11 ans
temps à la maison a avivé leur envie, à l’instar de Josse, 14 ans : « Je lisais un livre tous les deux mois avant la crise. Depuis, mon rythme, c’est plutôt deux livres par mois pendant la période scolaire et un livre par semaine pendant les vacances.»
Cette passion pour la lecture, Coline Jason, professeure-documentaliste au collège Jules-Ferry de Mantes-laJolie (Yvelines), était aux premières loges pour la constater lorsque son établissement était encore ouvert : « Les élèves étaient très demandeurs, notamment de mangas. Et il y a un véritable engouement pour les livres inspirés de séries Netflix, comme The Witcher d’Andrzej Sapkowski. » Car les adolescents ont des goûts éclectiques, souligne Olivier Couderc, porte-parole du Centre national du livre : « Ils lisent aussi bien des classiques, en raison des lectures imposées par les enseignants, que des mangas, de la BD, ou de l’heroic fantasy. » C’est le cas de Justine, 11 ans, qui passe d’un genre à un autre pour varier les plaisirs : « J’ai dévoré les neuf tomes du Journal d’Aurélie Laflamme [Desjardins], j’ai aussi lu les “Harry Potter” [Rowling], Les Trois Mousquetaires [Dumas] et plusieurs “Agatha Christie”. En BD, j’ai adoré Les Cahiers d’Esther (Varin, Sattouf) et Les Quatre Soeurs (Rigal-Goulard). » Leur point commun reste le plaisir qu’ils trouvent à feuilleter : « La lecture est pour eux un moyen d’évasion », résume Olivier Couderc. Ce que confirme Justine : « A chaque fois, j’ai l’impression d’être dans ma bulle, mon monde. » « Cela permet de ne penser qu’au livre, à son histoire, témoigne Caroline. De prendre du temps pour moi. »