Trois ans après, le corps peut-il encore « parler »?
« Si je sors un jour [de prison], je prendrai ma voiture et j’irai la chercher jusqu’à la trouver ! » C’est notamment cette petite phrase lâchée par Cécile Bourgeon, lors de son procès, qui a conduit les magistrats de la cour d’appel de Riom (Puy-de-Dôme) à rejeter, le 11 janvier, sa demande de mise en liberté. « Il n’est nullement hypothétique d’imaginer qu’elle tente de soustraire des indices (...) et notamment qu’elle intervienne sur le lieu de l’ensevelissement de sa fille », écrivent-ils dans leur arrêt dont 20 Minutes a pris connaissance. Or, pour eux, même trois ans après les faits, la découverte du corps de Fiona « constituerait un élément important de manifestation de la vérité » en raison des « progrès de la médecine légale ».
Fractures, produits toxiques
« A partir de l’exploitation osseuse, nous pourrions déterminer si cette enfant a subi des fractures juste avant ou longtemps avant sa mort, confirme Patrick Chariot, président de la Collégiale des médecins légistes français. La présence de fractures consolidées pourrait orienter la justice sur la piste de maltraitances sur le long terme. » Lors du procès, Cécile Bourgeon et son ancien compagnon, Berkane Maklouf, avaient, eux, avancé l’hypothèse d’une ingestion accidentelle de drogues pour expliquer la mort de la fillette de 5 ans. « Sans avoir vu le corps, impossible de savoir si on trouverait encore aujourd’hui des traces de produits toxiques, indique, à ce sujet, Patrick Chariot. Cela dépend de la température et du taux d’humidité du lieu où elle a pu être enterrée. » Toujours « amnésique » sur ce point, Cécile Bourgeon n’en a pas moins déposé une nouvelle demande de mise en liberté qui doit être examinée, mardi, à Riom. « Elle devrait être rejetée, assure un avocat. Il est peu probable que les magistrats aient changé d’avis depuis le 11 janvier. »