Faire contre mauvaise fortune bonne parole
Nathalie Arthaud (LO) compose avec de modestes moyens
Orléans, Le Mans, Beauvais, Rouen, Nancy, Tarascon... Lorsque Nathalie Artaud, la candidate Lutte ouvrière (LO) à la présidentielle, n’enseigne pas à temps partiel dans un lycée de Seine-Saint-Denis, elle réalise plusieurs déplacements par semaine « dans les villes ouvrières, les petites agglomérations, les villes plus bourgeoises aussi » pour mener sa campagne. Avec une efficacité cependant limitée, selon Thomas Guénolé. Le politologue et enseignant à Sciences Po Paris se dit « pessimiste quant à sa capacité de provoquer quelque chose avant l’égalité du temps de parole entre les candidats, à savoir deux semaines avant le premier tour ». Question logistique, « pas de folie des grandeurs ». « Nous ne faisons pas une campagne de la même façon que les autres candidats », tranche Nathalie Arthaud. La porte-parole du parti trotskiste révolutionnaire prend le train pour les meetings avant de rentrer en région parisienne lorsqu’elle ne loge pas « chez les camarades ». « La campagne nous coûtera moins d’un million d’euros. On a lancé une souscription pour assumer la dépense », indique la candidate. Et le mouvement peut espérer un remboursement de 800 000 € versés aux candidats ayant obtenu moins de 5 % des suffrages exprimés au premier tour de la présidentielle. « Les résultats sont à la mesure de leurs moyens très chiches, relève Thomas Guénolé. Et ils pèchent sur les réseaux sociaux car ils n’ont pas renouvelé leur stratégie de communication, comme a pu le faire Jean-Luc Mélenchon avec sa chaîne Youtube. »
Pros de « l’agit-prop »
Mais, quel que soit le score à la présidentielle, là ne serait pas l’enjeu : seule la diffusion du message politique compterait. « Ils sont dans une démarche d’agit-prop [agitation militante], bénéficiant à la fin de la campagne d’un accès aux médias sans aucune mesure par rapport à leur poids politique», glisse le politologue.