Une méthode à la loupe
Les entraîneurs portugais ont de plus en plus la cote en L1
Leonardo Jardim et Sergio Conceição vont se croiser, dimanche soir, à l’occasion de MonacoNantes (21 h). Un match dans le match entre deux techniciens formés à la même école portugaise. Deux éléments qui s’inscrivent dans une longue liste d’entraîneurs lusitaniens (Vitor Pereira, Marco Silva…) qui ont de plus en plus la cote sur le marché européen. Mais existe-t-il vraiment une marque de fabrique pour les coachs issus de cette culture? Après enquête, c’est certain. Et la « méthode portugaise » détonne. « C’est basé sur le jeu, le jeu et encore le jeu, analyse l’ancien Canaris Damien Tixier, passé par Naval, Coimbra et Leiria de 2000 à 2006. Le physique passe au second plan. C’est tout l’inverse de la France. Ou alors, si tu cours, c’est avec ballon… »
« Du ballon, du jeu et surtout beaucoup de tactique au quotidien… »
A Nantes, après quelques séances avec Conceição, la plupart des Canaris avaient observé cette spécificité. « Les techniciens portugais ne travaillent pas autant le physique qu’en France ou alors, ils le font totalement différemment », corrobore Marco Martins, correspondant en France de Record. « Beaucoup d’entraîneurs du Portugal veulent que leur équipe ait la possession de balle, poursuit Florent Hanin, défenseur français à Belenenses. Le physique, on le travaille à travers des petits jeux réduits à haute intensité. »
Du jeu, du ballon, mais aussi beaucoup de tactique. « Au Portugal, la formation ne privilégie pas les joueurs athlétiques, mais les joueurs techniques, explique Martins. C’est pour cette raison qu’on retrouve de nombreux éléments petits et fins comme Bernardo Silva ou André Martins. » Ces petits « formats », quand ils mettent les pieds dans le monde pro, « bouffent » alors beaucoup de tactique. « Ça se complète, note Hanin. Il y a une grosse volonté de travailler tactiquement au Portugal, beaucoup plus qu’en France. » Un concept au nom barbare émerge : il s’agit de la périodisation tactique. Une sorte de mise en pratique des situations de match à travers l’entraînement. Florent Hanin est confronté à cet exercice toutes les semaines : « Si votre collègue met le ballon, on vous dit exactement où vous devez être… Jorge Jesus est connu pour être un coach capable de casser la tête d’un joueur qui est mal positionné de deux centimètres… » « Tu sais toujours ce que tu dois faire les jours de match là-bas, conclut Damien Tixier. Cette culture tactique portugaise, il faudrait vraiment que certains coachs français s’en inspirent… »