«Ça n’existe pas, le super-président»
Le candidat du Nouveau Parti anticapitaliste défend l’idée d’un pouvoir collectif
Philippe Poutou, candidat du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), ex-Ligue communiste révolutionnaire, répond aux questions de 20 Minutes sur l’élection et son programme.
Comment vivez-vous votre deuxième campagne présidentielle ?
Mes camarades me disent que c’est plus facile qu’en 2012, car je suis plus connu, mais je refuse toujours cette posture de l’hyperpersonnalisation que veut la course à la présidentielle. Je suis un porte-parole plus qu’un candidat. Le super-président qui va changer les choses tout seul, ça n’existe pas. Nos projets politiques sont à plus long terme, c’est une contestation de société. Nous voulons montrer qu’il existe d’autres possibilités que de subir, que nous pouvons prendre les choses en main et nous organiser.
Vous êtes le seul candidat à vouloir supprimer le poste de président de la République. Pourquoi ?
La fonction présidentielle est profondément antidémocratique. Nous défendons l’idée de démocratie directe, d’un pouvoir collectif avec une représentation plus large, à l’opposé d’un système où tout est décidé en haut.
Passage aux 32 heures, création d’un million d’emplois publics, augmentation du Smic à 1 700 €… Comment mettrez-vous en place ce programme ?
On discute de l’idée de réquisitions de secteurs entiers de l’économie de manière à ce que cette économie réponde aux besoins de la population, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui. Ça suppose une dynamique sociale : imposer le respect des droits de la population – droit à l’emploi, au logement, à un accès gratuit à la santé – et discuter d’une réorganisation de la société. En haut, il faut une confrontation avec les possédants pour mettre en place une redistribution des richesses et, en bas, la capacité de défendre ses intérêts pour imposer une autre politique.
La question qui fâche d’un internaute, Elliott Evrin : Pourquoi ne vous retirez-vous pas au profit de Mélenchon pour maximiser les chances à gauche ?
A aucun moment Jean-Luc Mélenchon n’entre en confrontation avec les possédants et le capitalisme, ou ne parle d’expropriations et de mobilisation sociale. Au NPA, nous sommes pour l’accueil des migrants, la liberté de circulation et l’ouverture des frontières. C’est utopique, mais nous préférons cela au piège du chauvinisme, qui consiste à laisser croire que derrière des frontières, il y aurait une protection, ce qui est faux et dangereux.