Fillon, une affaire (presque) classée
Le candidat LR n’a pas pu/su améliorer son image, écornée par les scandales
François Fillon perd son pari. Selon le ministère de l’Intérieur (dimanche à 23 h 35), avec 19,70 % des voix, le candidat LR finit au premier tour juste devant Jean-Luc Mélenchon, mais derrière Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Retour sur une longue campagne de souffrance.
Dès 2013, l’ex-« collaborateur » de Nicolas Sarkozy prévient qu’il se présentera à la primaire de la droite pour la présidentielle 2017. Une déclaration qui fait rire sous cape à droite, où personne n’a oublié la guerre fratricide avec JeanFrançois Copé pour prendre la tête de l’UMP. Il est distancé de très loin dans les sondages, par Juppé, Sarkozy, et même Bruno Le Maire, la coqueluche des Républicains à l’été 2016.
Le jour où il s’est déclaré. Le jour où il a cru que c’était gagné.
Personne ne l’a vu venir. Pourtant, François Fillon, après deux débats bien maîtrisés où il apparaît en homme d’Etat au-dessus de la mêlée, remporte les deux tours de la primaire. Son programme? Une thérapie de choc : suppression des 35 heures et de 500000 postes de fonctionnaires, refonte de la Sécurité sociale, augmentation du taux de TVA… Les Français le placent loin devant tous, y compris le FN. Alors que la gauche semble sans solutions et que le phénomène Macron n’a pas encore décollé, l’élection semble gagnée d’avance pour l’ex-député de la Sarthe.
Le 25 janvier, Le Canard enchaîné révèle que François Fillon a employé sa femme en tant qu’assistante parlementaire pendant des années. Le candidat se contente de parler des « boules puantes habituelles » et dénonce « la misogynie » de l’hebdomadaire. Insuffisant. Les révélations se succèdent, les imprécisions de François Fillon aussi.
Le jour où il a tout perdu.
Il voit sa campagne polluée de bout en bout par les affaires, dont celles des costumes hors de prix offerts par l’avocat Robert Bourgi.
Le jour où tout aurait pu changer.
Le 1er mars, quand il se retrouve obligé d’annuler une visite au Salon de l’agriculture au dernier moment, l’exPremier ministre paraît sur le point d’abandonner. S’il annonce bien sa prochaine mise en examen lors d’une conférence de presse, il se dédit complètement en refusant de démissionner, ce qu’il avait pourtant annoncé sur le plateau de TF1 quelques semaines plus tôt. Celui qui n’imaginait pas le général de Gaulle mis en examen s’accroche, en dépit des nombreuses figures du parti qui le poussent à se returer. « La France est plus grande que mes erreurs », répond-il. C’en est fini du plan B, la droite s’en remet au vainqueur de la primaire. L’après-défaite risque de piquer.