20 Minutes (Nantes)

Damso, un vulgaire intello

Le rappeur belge revient avec un deuxième album, « Ipséité »

- Benjamin Chapon

Streamé plus de 30 millions de fois la première semaine de sa sortie, le deuxième album de Damso, Ipséité, a battu le record sur Spotify. Il a également pris directemen­t la tête du top album avec plus de 43 000 ventes. Déjà remarqué avec son album Batterie faible, le Belge est le rappeur incontourn­able du moment. Son écriture précieuse et ses textes volontiers introspect­ifs lui ont valu l’étiquette de rappeur intello. Pourtant, il est aussi capable de textes violemment misogynes, de formulatio­ns hardcore mis en scène dans des clips à l’esthétique brutale. « Je suis vulgaire, j’assume. Ça fait partie de moi, explique Damso. La musique permet de parler à ce qu’il y a de plus profond en nous. C’est pour ça que la concession, c’est le début de l’échec en art. » Sans concession donc, Damso écrit sur tous les thèmes qui lui sont chers et propres, et évite ceux qu’il ne maîtrise pas. « Je ne vais pas rapper sur la prison ou les gangs, même si je sais que ça fait partie des codes soi-disant incontourn­ables. Je préfère des choses intimes, qui peuvent être violentes, assume-t-il. Aujourd’hui, je gagne de l’argent, je ne suis plus dans la rue. » Jeune papa, il n’envisage pas de mettre de l’eau dans son vin. « Ça ne m’empêchera pas d’écrire des horreurs. Plus tard, mon fils me dira peutêtre “Papa, t’es vulgaire”, mais je pourrai lui expliquer que j’étais moimême. Je refuse de me censurer, précise-t-il. Les mafieux, ils n’arrêtent pas de faire du business et de tuer des gens quand ils ont des enfants… »

Le lexique excite

Cette intransige­ance artistique s’accompagne d’une écriture qui s’éloigne, par la richesse du vocabulair­e et des formules, des punchlines habituelle­s. Pour autant, Damso ne comprend pas l’étiquette de « rappeur intello ». « Je veux que tout le monde puisse comprendre mes textes pour peu qu’on s’y penche un petit peu. Je peux passer beaucoup de temps sur un couplet. Certains titres, j’ai mis trois mois à les finir, assure-t-il. Mais cet effort, il ne doit pas s’entendre, il faut que les phrases coulent bien. » Elles coulent si bien que le style Damso pourrait faire école.

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Son album contient des textes introspect­ifs et d’autres misogynes.

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