Les régimes, ça les déprime
Après avoir perdu du poids, les obèses ne se sentent pas toujours bien dans leur peau
«La perte de poids reste un sacré parcours à faire, mais la stabilisation et l’acceptation de soi également », prévient Audrey, qui a perdu 63 kg. Certaines personnes obèses, une fois qu’elles ont réussi à atteindre le poids rêvé, traversent des périodes de déprime, voire de dépression. Mais si l’on parle beaucoup (trop ?) de régime, les conséquences psychologiques sont rarement abordées. Dans une étude parue en 2014, l’University College of London a montré que les personnes en surpoids ayant maigri ont 52 % de risques en plus d’être dépressives par rapport à celles qui n’ont pas maigri. Plus la perte de poids est importante et rapide, plus le patient risque de déprimer. « Quand vous perdez du poids rapidement, la graisse se transforme en corps cétoniques qui passent dans votre sang, souligne Gérard Apfeldorfer, psychiatre spécialiste des troubles du comportement alimentaire. Votre cerveau se shoote aux corps cétoniques et cela crée une euphorie. Les chirurgiens surnomment la période après l’opération bariatrique la “lune de miel”! » Mais cet effet reste temporaire.
Stress de la prise de poids
« Les patients attendent souvent un miracle, ajoute Gérard Apfeldorfer. Mais si vous perdez 60 kg, vous ne devenez pas forcément l’Apollon ou la Vénus que vous imaginiez. Souvent, la peau est trop grande et il faut passer par une chirurgie réparatrice. » Un phénomène que Laurent Ournac, l’animateur de « Danse avec les stars », avait tourné en dérision sur le plateau de « Salut les Terriens », après avoir perdu 60 kg en un an : « Aujourd’hui, je peux faire Batman. J’ai la peau sous les bras qui pend un peu. Forcément, ça fait cape. » Mais à cette désillusion s’ajoute aussi une forme de frustration. Audrey, qui était obèse morbide, évoque « ce stress omniprésent chaque jour de reprendre du poids. Au début, cela passe par une pesée tous les jours pour se contrôler. Ensuite, il faut essayer de se faire confiance et d’échapper à cette spirale, mais ce n’est pas évident non plus. » « Il est vrai que ce changement de corps, de morphologie, de regard que les autres vous portent est très compliqué, explique Sandrine, une de nos internautes qui a perdu 40 kg en dixhuit mois. En fait, on a plusieurs choses à digérer : déjà accepter d’avoir été obèse, ensuite accepter ce nouveau corps que l’on ne connaît pas. »