Esprit « Summer of love », es-tu toujours là ?
Que reste-t-il du Summer of Love cinquante ans après?
Il y a cinquante ans, en 1967, l’été s’annonce caniculaire, le monde bouillonne et les yeux se tournent soudain vers le quartier de Haight-Ashbury à San Francisco, où s’établissent alors des dizaines de milliers de jeunes. Leur plan? Goûter à un nouveau mode de vie, aimer son prochain et celui d’après, tout en franchissant les pieds dans l’herbe « les portes de la perception », grâce à la défonce. Le mouvement hippie est en pleine jouissance.
Contre l’ordre établi
Avant le hippie, deux mots sur son « père » : le beatnik. Dans les années 1950, des esprits libres venus de l’est des Etats-Unis – Kerouac et Ginsberg en tête – posent régulièrement leurs sacs à dos à San Francisco. Un havre de paix idéal pour leur credo : la contestation de l’ordre établi et la revendication de la liberté comme voie vers la connaissance de soi-même. Dans une Amérique puritaine, confrontée à une guerre du Vietnam qui s’intensifie, « ce message trouve un écho auprès des jeunes Californiens, appelés pour certains au front », explique Frédéric Monneyron, auteur avec Martine Xiberras du Monde hippie : De l’imaginaire psychédélique à la révolution informatique (Imago). Cette jeunesse a ses icônes : Bob Dylan et ses chansons engagées, Aldous Huxley et ses Portes de la perception, Herbert Marcuse, un prof de l’université San Diego qui prône, lui, la libération sexuelle, etc. Il ne manque plus qu’un catalyseur. Tel le messie, Timothy Leary, titulaire d’un doctorat de psychologie, prône la solution : le LSD. Haight-Ashbury devient le bastion de hippies aux cheveux longs, de gamins et de vagabonds, rejetant le mode de vie des parents, en vivant en communauté. Les love-in et les sit-in pacifiques s’enchaînent, aussi vite que se consomment les joints et se dissolvent les buvards de LSD. Le 21 juin 1967, sous les étendards de l’amour et de la paix, une foule célèbre « l’avènement d’une aube nouvelle ». « Les temps ont changé, la jeunesse hippie était progressiste, ils voulaient changer le monde pour le meilleur… Aujourd’hui, je crois que c’est l’inverse », tranche Frédéric Monneyron. A 20 Minutes, certains sont incapables de se résoudre à ce pessimisme. Nous partons donc à la recherche de l’esprit hippie, à l’heure où la jeunesse est dépeinte comme fataliste et déprimée. Suivez-nous tout l’été sur la route. Nous vous promettons paix et amour.