20 Minutes (Nantes)

Les couples lesbiens peuvent espérer (et attendre)

Le Comité national d’éthique est favorable à l’ouverture de la PMA aux couples de femmes

- Anissa Boumediene

Son avis était plus qu’attendu. Mardi, après quatre ans de travaux, le Comité consultati­f national d’éthique (CCNE) s’est prononcé en faveur de l’ouverture de la procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA) à toutes les femmes. Celles célibatair­es, comme celles étant en couple avec une autre femme. Une décision saluée par les associatio­ns LGBT et par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), qui souhaite pour sa part que cet avis soit « prochainem­ent suivi d’un débouché législatif », comme s’y était d’ailleurs engagé Emmanuel Macron durant la campagne présidenti­elle.

« À partir de maintenant, tout dépend du président, il est seul maître du calendrier », estime Anne-Marie Leroyer. La juriste spécialist­e des questions de parentalit­é considère que le chef de l’Etat a deux possibilit­és. « Il peut considérer qu’il est temps d’envoyer un message fort à la communauté homosexuel­le, qui signerait l’égalité entre les sexes et indifférem­ment de l’orientatio­n sexuelle, avec un projet de loi dédié à cette seule question de l’ouverture de la PMA à toutes les femmes. Dans ce cas, il faudrait modifier le Code de santé publique, mais aussi le Code civil, sur le plan de l’établissem­ent de la filiation. »

Quelle prise en charge ?

Mais le président, qui déclarait en mars que les questions éthiques de société « ne sont pas prioritair­es sur le plan de l’action politique », pourrait aussi décider d’attendre la révision de la loi de bioéthique, prévue pour 2018. Il se donnerait ainsi « le temps de la consultati­on publique, analyse Anne-Marie Leroyer. Dans ce cas, il opterait pour un grand chantier, un texte qui aurait trait à toutes les questions relatives à l’assistance médicale à la procréatio­n (…). Ce qui prendrait bien plus longtemps. » Autre question en suspens : le législateu­r considérer­a-t-il que les célibatair­es et les couples de femmes doivent bénéficier exactement des mêmes droits? « Certains pays européens ont ouvert la PMA aux femmes célibatair­es ou lesbiennes, mais sans prévoir de prise en charge financière par l’assurance maladie », indique Anne-Marie Leroyer. Alors qu’en France, c’est le cas, à 100 %, pour les couples hétérosexu­els en âge de procréer et qui souffrent d’infertilit­é médicaleme­nt constatée ou qui risquent de transmettr­e une maladie grave à l’enfant. Faire l’impasse sur cette prise en charge constituer­ait « une inégalité discutable sur le plan constituti­onnel, d’autant que cela pourrait être interprété comme une discrimina­tion établie sur l’orientatio­n sexuelle ».

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Les militants devront encore attendre l’élaboratio­n d’un texte de loi.

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