Face aux défis, le président Rugy
Le député de Loire-Atlantique a deux ans et demi pour mettre en oeuvre ses réformes
Président de l’Assemblée nationale, c’est un poste qui en jette – quatrième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire – mais qui entraîne de lourdes responsabilités. L’heureux élu s’appelle François de Rugy, ex-écolo, rallié au PS, avant de rejoindre La République en marche. Le président, assis au « perchoir » face aux députés, donne la parole à l’un, interrompt un autre trop bavard, ou use du marteau pour appeler au calme… Dans cette assemblée qui accueille des élus réputés pour être des grandes gueules – dont la frontiste Marine Le Pen ou l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon – la tâche s’annonce délicate. « François de Rugy est élu depuis 2007, il a été vice-président de l’Assemblée nationale [2016-2017]. Je suis sûre qu’il sera parfaitement à l’aise dans l’hémicycle, car il a l’expérience », souligne Sandrine Mazetier, ex-vice-présidente PS de l’Assemblée nationale.
Un quasi-inconnu du public
François de Rugy va devoir « s’affirmer pour exister », relève Alexandre Eyries. « C’est un quasi-inconnu du public. Et il n’a pas brillé comme candidat à la primaire PS, apparaissant mollasson, continue l’enseignant-chercheur en communication politique à l’université de Bourgogne-Franche-Comté. Présider une assemblée morcelée entre huit groupes parlementaires va être très compliqué. » Pour son premier discours au « perchoir », François de Rugy a souhaité « une assemblée démocratique et plus efficace [pour] agir mieux et plus vite ». Un chantier de longue haleine, mais qui sera limité à deux ans et demi, une durée décidée par le groupe LREM mardi. « Lancer un cycle de réformes prend un an, son implémentation une autre année. On fait ensuite les comptes et on change si cela ne va pas, estime le politologue Thomas Guénolé, chercheur associé à l’Iris. Cela évite les pannes de mi-mandat, quand l’exécutif perd son souffle. » « Il sera compliqué pour François de Rugy de réussir à appliquer la transparence dans la vie politique, car il y a de grandes résistances », rappelle le politologue. Plus difficile encore, figure le défi de mettre fin aux conflits d’intérêts dans l’institution. « Il s’agit de ces députés qui ont un passé dans des entreprises, ou qui ont des connexions familiales avec elles, et qui sont donc proches de groupements d’intérêts particuliers », précise le politologue. Jour 1 pour François de Rugy, et déjà de gros chantiers en perspective…