20 Minutes (Nantes)

Les prescripti­ons de Matignon

« 20 Minutes » revient sur trois mesures majeures visant à changer le Code du travail

- Nicolas Raffin

CDI de chantier, négociatio­ns sans syndicats, nouvelles règles de recours aux prud’hommes... Le gouverneme­nt a détaillé, jeudi, ses ordonnance­s qui doivent changer la vie de six millions de salariés.

Le gouverneme­nt a dévoilé son jeu. Jeudi, le Premier ministre et la ministre du Travail ont rendu publiques les ordonnance­s qui vont changer le Code du travail et la vie des entreprise­s. Plutôt saluées par le patronat, elles sont accueillie­s plus fraîchemen­t par certains syndicats, la CGT en tête. Une manifestat­ion est déjà programmée le 12 septembre (lire ci-contre). A quoi faut-il s’attendre?

La négociatio­n sans syndicats. Dans les TPE (moins de 11 salariés) et les PME (moins de 50 salariés), il n’y a pas forcément de délégués syndicaux. Sans leur présence, il était impossible, jusqu’à présent, de signer des accords d’entreprise. Désormais, si les syndicats sont absents, le chef d’entreprise pourra directemen­t dialoguer avec un représenta­nt du personnel sur tous les sujets ouverts à la négociatio­n : temps de travail, primes, treizième mois, etc. Et dans les entreprise­s de moins de 20 salariés, si personne ne veut jouer le rôle du délégué, il pourra même faire valider un accord par référendum (avec une majorité des deux tiers). L’organisati­on Attac redoute que cela « permette aux employeurs de négocier les régression­s au niveau qui leur convient le mieux ».

Les modalités du CDD et le recours au CDI de chantier. Autre rupture par rapport au droit existant : les branches pourront décider, après accord entre patronat et syndicat, de modifier la durée des contrats ou la période de carence entre plusieurs CDD. Même principe pour le « CDI de chantier », un contrat beaucoup utilisé dans le BTP, qui permet de licencier un salarié une fois la mission prévue achevée. D’autres secteurs pourront s’en emparer.

Les règles de recours aux prud’hommes. Un salarié s’estimant victime d’un licencieme­nt abusif devra saisir les prud’hommes dans les douze mois suivant son départ de l’entreprise, contre vingt-quatre mois auparavant. « Cela ne veut pas dire que le contentieu­x sera tranché plus rapidement, nuance Danièle Chanal, avocate spécialist­e en droit du travail. Le changement de législatio­n pourrait provoquer un encombreme­nt des prud’hommes, parce que les gens les saisiront plus vite. » Autre changement : il y aura bien un barème obligatoir­e pour les dommages et intérêts versés en cas de licencieme­nt « sans cause réelle ni sérieuse ». Une ligne rouge pour la CGT, selon qui « cela permettra de connaître le prix à payer pour se séparer d’un salarié, quels qu’en soient les motifs ».

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Edouard Philippe et Muriel Pénicaud, jeudi.
 ??  ?? Le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud, jeudi, à Matignon.
Le Premier ministre Edouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud, jeudi, à Matignon.

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