20 Minutes (Nantes)

L’énigmatiqu­e Fabienne Kabou

Cette mère est rejugée pour avoir abandonné à la mort son bébé sur une plage du Nord

- De notre envoyé spécial à Douai (Nord), Vincent Vantighem * Suivez le procès en direct sur le compte Twitter de notre journalist­e : @vvantighem.

«Comment on fait maintenant ? » a osé Frank Berton, l’avocat de Fabienne Kabou, résumant l’embarras dans lequel se trouvent les jurés de la cour d’assises du Nord. Vendredi, au premier jour de son procès en appel, l’accusée a reconnu avoir abandonné à la mort en novembre 2013 Adélaïde, sa fillette de 15 mois, sur une plage de Berck (Pasde-Calais), alors que la marée montait. Mais, en même temps, la quadragéna­ire a plaidé « non coupable », évoquant la sorcelleri­e et assurant avoir été commandée par une force supérieure. 20 Minutes revient sur sa personnali­té alors que la cour doit se concentrer, à partir de ce lundi, sur l’examen des faits.

Il y a un an, lors du procès en première instance où elle a

Pleureuse.

écopé de vingt ans de réclusion criminelle, Fabienne Kabou était apparue froide, hautaine, cassante. Vendredi, elle a fendu sa carapace. C’est en pleurs qu’elle a reconnu les faits d’assassinat qui lui sont reprochés. Depuis peu, elle accepte un traitement médicament­eux censé apaiser ses troubles psychiques.

Ida s’est rendue plusieurs fois chez sa cousine quand elle était enceinte, sans qu’elle n’ouvre jamais la porte. Un témoignage qui montre à quel point l’accusée vivait isolée et recluse, dans son atelier de Saint-Mandé (Valde-Marne). Elle n’a jamais déclaré Adélaïde à l’état civil. Et ne voyait personne, à l’exception de son compagnon, Michel Lafon.

Recluse.

Fabienne Kabou n’est pas une « petite menteuse », mais « une grande délirante », a déclaré Daniel Zagury, l’un des psychiatre­s qui l’a examinée. Contrairem­ent à un premier collège d’experts qui l’ont jugée « lucide » et « cohérente », lui assure

Délirante.

qu’elle souffre de « délire chronique paranoïaqu­e ». Dans ce contexte, la mort d’Adélaïde serait même un « homicide altruiste » : « Elle est convaincue qu’un destin effroyable attendait Adélaïde, a développé Maroussia Wilquin, une autre psychiatre. Elle l’a donc tuée pour la sauver d’un sort pire encore. »

S’ils

Responsabl­e pénalement.

diffèrent dans leur diagnostic, tous les psychiatre­s estiment que le discerneme­nt de Fabienne Kabou était altéré au moment des faits, mais non aboli. Elle peut donc être jugée, mais, en raison de son état, « sa peine doit être allégée », a estimé Maroussia Wilquin.

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L’accusée devant la cour d’assises du Pas-de-Calais en 2016.

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