20 Minutes (Nantes)

Le gouverneme­nt dans la tourmente après sa gestion du cyclone Irma

Les critiques sur les réponses apportées avant le désastre aux Antilles s’accumulent

- Fabrice Pouliquen

Manque d’anticipati­on, d’évacuation­s, de moyens... Alors qu’Emmanuel Macron est attendu ce mardi à Saint-Martin, dévastée par l’ouragan Irma, le gouverneme­nt est vivement critiqué, plusieurs membres de l’opposition réclamant une commission d’enquête parlementa­ire sur la gestion en amont de la catastroph­e. Valérie November juge les critiques faciles. La directrice de recherche au CNRS spécialisé­e dans l’analyse des risques urbains, environnem­entaux et naturels, souligne le caractère « hors norme » d’Irma. « C’est du jamais-vu en Atlantique. Cet ouragan est à comparer au typhon Haiyan, qui a frappé les Philippine­s en 2013 [faisant plus de 10 000 morts]. Face à ce genre de catastroph­e, on a beau être préparé, le bilan est lourd. » De plus, la trajectoir­e d’un ouragan n’est jamais précise, ce qui complique le déploiemen­t des secours. Dix membres de Groupe de secours catastroph­e français se sont envolés lundi soir pour Saint-Martin, « alors qu’il y a quelques jours nous pensions concentrer notre interventi­on sur Haïti et la République dominicain­e », rappelle le président de l’ONG Thierry Velu. Dans le sillage d’Irma, José, cet autre ouragan qui menaçait Saint-Martin et SaintBarth­élemy, mais qui est passé plus au nord, n’a rien arrangé. « La question s’est posée d’envoyer plus de secouriste­s à terre, au risque de mettre leur vie en danger », observe Thierry Velu.

Retour d’expérience

Pour ce qui est de l’évacuation préventive des habitants qu’aurait pu ordonner le gouverneme­nt, comme l’a fait la Floride, elle aurait été difficile à réaliser. « Saint-Martin et Saint-Barthélémy sont à des milliers de kilomètres du continent et n’ont pas les infrastruc­tures nécessaire­s pour des évacuation­s de cette ampleur, explique Elsa Peinturier, doctorante en géographie dont les travaux portent sur la gestion de la crise en cas de catastroph­e naturelle. Et où amène-t-on les population­s évacuées ? La Guadeloupe et la Martinique étaient elles aussi menacées. » Au-delà des critiques, Elsa Peinturier plaide, tout comme Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, pour une commission d’enquête parlementa­ire sur l’interventi­on dans les Antilles françaises. « Les retours d’expérience font partie du processus de gestion d’une catastroph­e. D’autant qu’il faut s’attendre à faire face, notamment au vu des vulnérabil­ités territoria­les que l’on connaît aujourd’hui, à des catastroph­es de l’ampleur d’Irma ou de Harvey. »

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De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer une commission d’enquête sur la gestion en amont de la catastroph­e.

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