Le gouvernement dans la tourmente après sa gestion du cyclone Irma
Les critiques sur les réponses apportées avant le désastre aux Antilles s’accumulent
Manque d’anticipation, d’évacuations, de moyens... Alors qu’Emmanuel Macron est attendu ce mardi à Saint-Martin, dévastée par l’ouragan Irma, le gouvernement est vivement critiqué, plusieurs membres de l’opposition réclamant une commission d’enquête parlementaire sur la gestion en amont de la catastrophe. Valérie November juge les critiques faciles. La directrice de recherche au CNRS spécialisée dans l’analyse des risques urbains, environnementaux et naturels, souligne le caractère « hors norme » d’Irma. « C’est du jamais-vu en Atlantique. Cet ouragan est à comparer au typhon Haiyan, qui a frappé les Philippines en 2013 [faisant plus de 10 000 morts]. Face à ce genre de catastrophe, on a beau être préparé, le bilan est lourd. » De plus, la trajectoire d’un ouragan n’est jamais précise, ce qui complique le déploiement des secours. Dix membres de Groupe de secours catastrophe français se sont envolés lundi soir pour Saint-Martin, « alors qu’il y a quelques jours nous pensions concentrer notre intervention sur Haïti et la République dominicaine », rappelle le président de l’ONG Thierry Velu. Dans le sillage d’Irma, José, cet autre ouragan qui menaçait Saint-Martin et SaintBarthélemy, mais qui est passé plus au nord, n’a rien arrangé. « La question s’est posée d’envoyer plus de secouristes à terre, au risque de mettre leur vie en danger », observe Thierry Velu.
Retour d’expérience
Pour ce qui est de l’évacuation préventive des habitants qu’aurait pu ordonner le gouvernement, comme l’a fait la Floride, elle aurait été difficile à réaliser. « Saint-Martin et Saint-Barthélémy sont à des milliers de kilomètres du continent et n’ont pas les infrastructures nécessaires pour des évacuations de cette ampleur, explique Elsa Peinturier, doctorante en géographie dont les travaux portent sur la gestion de la crise en cas de catastrophe naturelle. Et où amène-t-on les populations évacuées ? La Guadeloupe et la Martinique étaient elles aussi menacées. » Au-delà des critiques, Elsa Peinturier plaide, tout comme Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, pour une commission d’enquête parlementaire sur l’intervention dans les Antilles françaises. « Les retours d’expérience font partie du processus de gestion d’une catastrophe. D’autant qu’il faut s’attendre à faire face, notamment au vu des vulnérabilités territoriales que l’on connaît aujourd’hui, à des catastrophes de l’ampleur d’Irma ou de Harvey. »