Dans les coulisses de l’élection sénatoriale
Les candidats décrivent les spécificités de l’accession à la chambre haute
Pas de clip à la télé ou de meeting géant en vue pour les sénatoriales qui vont renouveler la moitié de la chambre haute (170 sénateurs). La campagne pour le scrutin du 24 septembre est menée en coulisses : les sénateurs sont en effet élus au suffrage universel indirect par un collège d’environ 75 000 grands électeurs, composés à 95 % de délégués de conseils municipaux. Pour devenir sénateur, mieux vaut justifier d’une longue expérience d’élu local, de qualités relationnelles et d’une carte routière. « Le contact est essentiel avec les grands électeurs. Il faut aller voir les maires et leur conseil municipal, les écouter, apprendre à les connaître pour qu’ils vous connaissent et voient votre travail », souligne François-Noël Buffet, sénateur LR du Rhône depuis 2004. « Il y a 751 grands électeurs dans la Nièvre et 250 communes avec un seul délégué, illustre Patrice Joly, candidat soutenu par le PS dans ce secteur. J’ai rencontré environ 400 délégués lors de réunions ou en rendez-vous. »
Soucis budgétaires
Mais, autour d’un café, pas besoin de conter fleurette aux élus. « On va à la rencontre de collègues plutôt que d’électeurs. Leur premier souci est la question budgétaire et financière », explique François-Noël Buffet. La baisse des dotations de l’Etat aux collectivités territoriales, passées de 40 à 30,8 milliards d’euros entre 2008 et 2017, alimente ainsi le ressentiment. Dans les grandes villes, la campagne se révèle bien différente, chaque candidat pouvant compter sur le vote des grands électeurs de son parti. « On connaissait exactement le nombre de nos grands électeurs, se souvient Jean Desessard, sénateur EELV de Paris élu en 2004 puis en 2011. Avec 24 conseillers de Paris, on avait donc deux postes pour le Sénat. » Pour en obtenir un, l’élu a donc dû jouer des coudes au sein de son parti. Que l’on soit sénateur des villes ou sénateur des champs, l’une des clés de la victoire reste le réservoir de grands électeurs sensibles à une couleur politique dans la circonscription. Ce qui manque à Aurélien Guillot, candidat communiste dans la Mayenne, département drapé de bleu. « Ce n’est pas un café pris avec un élu cinq jours avant la campagne qui va changer les choses », concède le conseiller municipal d’opposition de Laval, qui se concentre déjà sur d’autres combats : « On organise la riposte sur les ordonnances, il y a aussi la prochaine Fête de l’Huma. »