Une composition sans fausses notes
La musique du film a été écrite à l’aveugle
C’était l’un des plus beaux films de la compétition cannoise de cette année. Bien des festivaliers estimaient même que Faute d’amour d’Andreï Zviaguintsev aurait dû remporter la Palme d’or, alors qu’il n’a reçu « que » le prix du jury. Le film raconte comment un couple en plein divorce se voit contraint de refaire cause commune pour rechercher leur fils de 12 ans mystérieusement disparu. Et c’est bouleversant.
Le souffle court
La bande-son de ce thriller accompagne le spectateur pour plonger dans les tréfonds de l’âme humaine. Pour la composer, le réalisateur de Léviathan (2014) a fait appel à Evgueni Galperine. « C’est la première fois que je n’utilise pas de musique préexistante. Je souhaitais une partition hypnotique qui ne soit pas illustrative de l’image mais qui la complète », explique le cinéaste russe à 20 Minutes. Le musicien a dû se contenter d’un résumé de l’histoire et d’une conversation téléphonique pour composer sa partition. « J’ai travaillé sans voir la moindre image pendant près de trois mois », se souvient le compositeur. Un orchestre à cordes et un orchestre créé sur ordinateur ont notamment été utilisés. « Un seul accord de piano, lancinant, un seul rythme me semblaient parfaits pour faire comprendre la façon dont ces parents sont hantés par les pensées qui tournent dans leur tête », raconte Evgueni Galperine. L’effet est étonnant : le public ressent l’angoisse des personnages qui va crescendo au long de ce film puissant. « Le spectateur devait se sentir le souffle court en regardant Faute d’amour, insiste le réalisateur. Evgueni a très bien restitué cette impression d’oppression. » C’est le cas dans une séquence de battue où le prénom de l’enfant crié par les chercheurs se mêle à la partition. « Je ne me suis rien interdit, dit le compositeur. J’ai laissé les émotions me submerger. »