Ranieri fait le plein sans superbe
Nimani et Butelle le confirment : le jeu n’est pas, pour l’instant, la priorité de Claudio Ranieri
Ludovic Butelle n’est pas resté bien longtemps sous les ordres de Claudio Ranieri. Mais suffisamment pour adopter la même posture que son entraîneur au FC Valence en 2005. « On veut tous voir des 5-4, mais le gardien et le coach, eux, préfèrent un 1-0 », pose en souriant celui qui garde désormais les cages du FC Bruges, en Belgique. Et voilà comment la philosophie « ranieriste » s’est propagée dans toute l’Europe, au gré des pérégrinations du Mister. « Il veut que tout le monde mette du sien, l’attaquant doit aussi défendre, harceler », se souvient ainsi Frédéric Nimani, qui l’a côtoyé près d’une décennie plus tard à l’AS Monaco, alors en L2 (2013-2014). A l’époque, l’Italien privilégiait déjà le football qui gagne au football champagne dans l’optique, il est vrai, de regagner l’élite au plus vite. « Le jeu n’était pas toujours beau à voir, mais il fallait avancer », poursuit l’actuel avant-centre de Neuchâtel Xamax, en Suisse. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : l’association gagner et séduire est aujourd’hui réservée au gratin, comme Barcelone, Madrid, Munich ou encore Paris.
« Vous avez l’impression de vous ennuyer? » Frédéric Nimani
En 2005, pour n’avoir rempli qu’une seule des deux conditions, Ranieri avait pris la porte à Valence. « Le club venait de finir champion et les gens voulaient du spectacle », confirme Butelle qui a pu constater, en novembre 2016, que son ex-mentor n’avait toutefois pas renié ses idées lorsque, avec Bruges, il a croisé la route de Leicester en Ligue des champions. « Ils ne jouaient pas beaucoup mais profitaient de la moindre erreur de l’adversaire. C’était une équipe bien en place, avec un gros pressing en défense. Au milieu, ça ratissait beaucoup de ballons et, en face, l’adversaire perdait ses nerfs ! » Résultat : deux succès pour le club anglais. « Vous avez l’impression de vous ennuyer ? », interroge Frédéric Nimani. « Avec le temps, la qualité du jeu va s’améliorer, promet de son côté l’ancien gardien du SCO d’Angers. Mais en attendant, vous faites le dos rond et un coup de pied arrêté peut suffire ! On ne peut pas tenter des choses avec seulement trois points. » Avec dix, en revanche, il est peut-être temps de l’envisager…