En appel, Priscilla va revoir son agresseur présumé
Priscilla va recroiser son agresseur présumé, le temps de son procès en appel aux assises
«C’est une miraculée », s’étonne encore Ghislaine. Quand sa fille Priscilla est admise à l’hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine) le 7 août 2013, elle est plongée dans un profond coma, son pronostic vital est engagé. Les coups dont elle a été victime ont été si violents qu’ils ont partiellement ouvert sa boîte crânienne et déplacé son cerveau. « Son visage, c’était de la pulpe », confiera un médecin. « Priscilla a été hospitalisée pendant des mois, raconte sa mère. Aujourd’hui, elle continue de suivre une rééducation, mais elle a besoin d’aide au quotidien. Je n’aurai un avenir que quand elle en aura un, c’est dur à entendre, mais la réalité c’est ça. »
Un accusé imprévisible
Pour la seconde fois, Priscilla et Sandra, l’autre victime dans la procédure, doivent retrouver le chemin du tribunal. Après un premier procès qui a abouti en 2016 à la condamnation à perpétuité de leur agresseur présumé, Sofiane Rasmouk, elles doivent assister à partir de ce jeudi à son procès en appel, devant la cour d’assises des Yvelines. « C’est stressant (…) Vous avez l’impression de jouer votre vie. Une seconde fois », concèdent la jeune femme et sa mère à quelques jours du procès. En première instance, l’accusé, violent, paranoïaque, menaçant, n’a cessé de nier le viol sauvage de Sandra, l’autre victime agressée le même soir à quelques mètres du domicile de Priscilla. Tout juste a-t-il concédé « quelques gifles » contre cette dernière, tout en dénonçant un « complot policier ». Cette personnalité explosive, Priscilla et sa mère, parties civiles dans ce procès, la redoutent : « D’un côté, on se dit que ça va être plus facile parce qu’on est déjà passé par là il y a un an, et d’un autre côté, on ne sait pas comment il va se comporter. Ce sera probablement long, pénible et laborieux comme l’année dernière. » De cette agression survenue en bas de chez elle à Colombes (Hauts-deSeine), Priscilla ne garde aucune image, aucun son. « J’ai les récits qu’on m’a racontés, les reportages vus à la télé… Et cette grande cicatrice que je peux sentir le long de mon crâne », décrit-elle pudiquement. Une ultime procédure pourrait continuer de la mobiliser. En 2015, sa mère a porté plainte contre X pour « mise en danger de la vie d’autrui ». Le jour des faits, Sofiane Rasmouk, en semiliberté, avait réintégré sa cellule avec plusieurs heures de retard, manifestement ivre et les baskets tachées de sang. Pas suffisant pour alerter l’administration pénitentiaire. « On lui a délivré un permis de massacrer », dénonce la mère de Priscilla.