Le nid change, les Canaris restent
Des terrains aux tribunes, comment ont-ils vécu la transition Saupin-La Beaujoire
De ce 17 août 1984, Bruno Barronchelli en garde un souvenir ému : « C’était énorme ! » Au coeur de l’été, les Canaris viennent de quitter leur nid historique et découvrent leur nouvelle adresse, forcément moins rustique. « J’aimais bien Saupin, qui était en plein centre-ville, plus intime, plus familial. Ça ressemblait un peu à Mayol », se souvient Rolland Courbis qui, ce jour-là, portait la tunique de Toulon. « Certains avaient peur de perdre leur repère à l’extérieur du stade, où il y avait plein d’animations », confirme Loïc Amisse. Loin du quai Malakoff, les joueurs doivent apprivoiser les lieux. « Saupin, on en connaissait le moindre détail, chaque tribune, alors qu’à La Beaujoire, les dimensions étaient plus grandes », poursuit Baronchelli. Malgré un pincement au coeur à l’heure de faire les cartons, tout le monde s’est pourtant rendu à l’évidence, le déménagement est inéluctable. « C’était fondamental pour grandir, Saupin était devenu trop petit et ne générait pas assez de recettes billetterie », rappelle Robert Budzynski, l’ancien directeur sportif du FCN.
« On le demandait depuis des années. Ça a été une vraie bagarre. » Robert Budzynski
« En tribune Sud les spectateurs étaient gênés par des poteaux, et les pourtours n’étaient pas terribles, énumère Patrick Pillet, le président de l’association de supporters de l’époque. Jamais on n’aurait pu y accueillir l’Euro. » De fait, un mois et demi après son inauguration, La Beaujoire célèbre la victoire des Bleus face à la Belgique, le 16 juin 1984 (5-0), devant plus de 52 000 spectateurs. Une ferveur populaire qui permet d’oublier les longs débats ayant précédé la construction du stade. « On le demandait depuis des années, ça a été une vraie bagarre, rappelle Budzynski. Des gens se demandaient pourquoi mettre autant d’argent dans ce projet. » Finalement, le nouvel écrin du FCN a été vite adopté, y compris par les plus nostalgiques qui, pour se consoler, peuvent aujourd’hui encore apprécier la tribune principale de Saupin, épargnée par les bulldozers. Dans le projet du futur stade, qui prévoit la démolition de la Beaujoire en 2022, un musée devrait servir de trait d’union avec l’ancienne époque. « C’est important, c’est la reconnaissance de ce qui a été fait avant », se rassure Amisse.