Mohed Altrad secoue le monde de l’ovalie
Le président de Montpellier s’est mis à dos de nombreux présidents du monde de l’ovalie
Quand on l’attaque, Altrad contre-attaque. Dans l’interview qu’il a accordée au Figaro mercredi, le puissant patron de Montpellier a réglé ses comptes avec la grande famille du rugby français. Altrad y explique déranger « une poignée d’imbéciles à Clermont, Pau, Agen, La Rochelle… » et dénonce un « système immature ». Depuis quelques semaines, le nom du président du MHR est au centre des débats, après que des arrangements entre lui et Bernard Laporte, le président de la fédération, ont été dévoilés. Un mélange des genres qui met la pagaille dans la famille rugby. Et sa sortie médiatique n’a pas plu à tout le monde. « C’est un homme dangereux pour le rugby pro, a vertement réagi Alain Tingaud, le président d’Agen dans L’Equipe. S’il veut qu’on se retrouve dans un pré à 6 h avec ses armes… » L’aigreur est la même chez Alain Carré, le président de l’UCPR, le syndicat des clubs pros : « C’est irrespectueux, scandaleux. » Mohed Altrad ne semble donc pas maîtriser les codes de l’ovalie. A la différence de certains, il n’est pas tombé dans la marmite quand il était petit. A la tête d’un groupe international de BTP, Altrad a racheté le club de Montpellier en 2011, avec ses deniers personnels.
« Une réplique collective »
Ambitieux, fonceur, le Syrien de naissance est arrivé dans le rugby avec la ferme volonté de connaître des succès similaires, quitte à employer des méthodes peu orthodoxes. Certains dirigeants l’accusent ainsi d’approcher des joueurs encore sous contrat ou de mener une politique salariale déloyale. « C’est quelqu’un de très rigide, qui pense que tout peut être acheté, affirme Jean-René Bouscatel, l’ex-président du Stade Toulousain. Il est prêt à s’opposer à tout et à toutes les règles. Des règles pourtant simples, qui sont les bonnes manières, l’éthique et la courtoisie. » Alors, le point de non-retour a-t-il été atteint ? « Je ne le souhaite pas, répond Alain Carré, mais je le crains… Il est aujourd’hui de plus en plus isolé. J’ai discuté avec tous les présidents de clubs pro, et ils sont unanimes, on n’acceptera pas ça. Il va y avoir une réplique collective. » De là à voir un vrai changement dans le Top 14 ? « Boudjellal comme Lorenzetti sont passés par là, réplique Robins Tchale-Watchou, l’ex- joueur du MHR. Si on estime qu’ils font quelque chose de pas bien, on doit trouver d’autres règles. Altrad joue avec elles. La seule différence, c’est qu’il a beaucoup plus de moyens.»