Une idée à la gomme?
L’art du « ni trop ni trop peu », le « lagom », est cultivé par nos amis scandinaves
Après le « hygge » danois, voici venu le « lagom » suédois (à prononcer « lar-gom »), l’art du « ni trop ni trop peu » que cultivent nos amis scandinaves au quotidien. « Le lagom nous apprend à être satisfait de ce que l’on a, à être plus modeste, plus reconnaissant, à moins consommer, à être plus écolo et à se réjouir des plaisirs simples de la vie », nous promet la journaliste Anne Thoumieux dans Le Livre du lagom, sorti début septembre (éditions First). Mais à peine sorti notre plaid « hygge » pour nous mettre en condition, c’est le drame. Désenchantement en quatre étapes (avec un peu de mauvaise foi).
Le doute. « A sa naissance, le Suédois arrive dans une société où la parité est bien respectée, où la vie de famille n’est pas vue comme un frein professionnel mais comme un plus, et où les
politiciens sont plutôt plus honnêtes et simples qu’ailleurs », écrit l’auteur page 18. Un poil de découragement de notre côté : on se dit que le Français va avoir du chemin à faire. On vous fait un dessin sur l’exemplarité du monde politique hexagonal ?
L’incompréhension. Quand ça parle « mode » au troisième chapitre. « Assez sage, peut-être, mais au tombé toujours parfait qui permet de se fondre gentiment dans la masse. Attention, n’allez pas croire que c’est un point négatif, au contraire! Vous l’aurez compris, c’est précisément le but recherché : en Suède, peu de couleurs criardes, de style XXL ou d’expériences vestimentaires incertaines. » Heu… mais ce n’est pas tout l’intérêt de la mode? Et puis, entre nous, la Française détient encore le monopole du style jusqu’à nouvel ordre.
Le dégoût. Le coup fatal ? La gastronomie. « Tous les réfrigérateurs en Suède ont en commun de contenir de la nourriture… en tubes ! (…) Pratiques et peu coûteux, les tubes de ces sortes de tarama aux oeufs de cabillaud sont lagom à souhait en plus d’être goûteux. » Merci, mais non, merci, comme on dit. Peu de chances que le pays de la bonne bouffe devienne « lagom ».
Le pompon. « Cette retenue [le lagom, donc] s’applique bien sûr aux sorties où, d’une certaine manière, il est de bon ton de ne pas trop se mettre en avant ni s’amuser de manière extrême. » Et faire tourner les serviettes, c’est interdit aussi par le « lagom » ? L’art du « ni trop ni trop peu », ou comment vivre tièdement sa petite vie moyenne. Un programme riche en émotions.