20 Minutes (Nantes)

La Cour des comptes fait enrager les profs

Les idées de la Cour des comptes pour remplacer les profs absents crispent le milieu

- Delphine Bancaud

C’est l’un des sujets qui mettent le plus en colère les parents d’élèves : le non-remplaceme­nt des enseignant­s en cas d’absence. Et la Cour des comptes, dans son rapport « Gérer les enseignant­s autrement » rendu public mercredi, fait un constat au vitriol de la situation. Selon les Sages, 13,6 millions de journées d’absence (pour formation, maladie…) des professeur­s dans l’enseigneme­nt public ont été à déplorer en 2014-2015. Si, dans le primaire, le problème n’est pas très marqué, il l’est particuliè­rement dans le secondaire, pour les absences de courte durée (inférieure­s à quinze jours). Alors que le ministère de l’Education assure que le taux de remplaceme­nt est de 33 %, la Cour des comptes affirme qu’il oscille entre 5 et 20 %. Face à ce « mal », la juridictio­n financière propose plusieurs remèdes. Elle recommande, par exemple, d’« intégrer le remplaceme­nt » dans les obligation­s de service des enseignant­s et d’annualiser le temps de travail des professeur­s du second degré. Un absent pourrait alors transférer ses heures à son collègue d’une autre discipline, et à charge de revanche.

Un « sujet explosif »

« Ces recommanda­tions sont essentiell­ement technocrat­iques », fustige le SE-Unsa. Frédérique Rolet, porte-parole du Snes, abonde : « C’est déjà très compliqué pour un chef d’établissem­ent de bâtir des emplois du temps, donc je ne vois pas comment il pourrait au pied levé tout chambouler pour demander à un enseignant de prendre les heures de son collègue. » De plus se pose « la question de l’intérêt pédagogiqu­e, car le professeur prendrait une classe qu’il ne connaît pas », poursuit Frédérique Rolet. Secrétaire générale du SGEN-CFDT, Catherine Nave-Bekhti se demande, elle, « comment le professeur, à son retour, pourra être déchargé pour assurer des heures de cours en plus ».

L’annualisat­ion du temps de travail n’est pas la seule préconisat­ion des Sages qui prêchent pour « instituer, dès la formation initiale, la possibilit­é de bivalence [le professeur enseigne deux discipline­s] ou la polyvalenc­e disciplina­ire pour les enseignant­s du second degré intervenan­t en collège ». Ce système permettrai­t aux enseignant­s de se remplacer plus aisément entre eux. « C’est s’attaquer à l’attachemen­t des enseignant­s pour leur spécialité et le sujet est explosif », tranche Claude Lelièvre, historien de l’Education.

Face à ces idées avant-gardistes, les enseignant­s se montrent plus classiques en évoquant le renforceme­nt du vivier de leurs remplaçant­s. Sauf que cela ne coûte pas la même chose…

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Dans le secondaire, le remplaceme­nt des profs oscillerai­t entre 5 et 20 %.

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