Abdelkader a suivi une « préparation audio » au dijhad
L’accusé a reconnu avoir écouté des cours en arabe de préparation au djihad
C’est la dernière fois que la cour d’assises spéciale de Paris entendait Abdelkader Merah, mardi, avant le verdict qui doit être rendu le 2 novembre. Un ultime interrogatoire portant sur l’association de malfaiteurs terroriste. Au coeur de l’accusation, les nombreux fichiers retrouvés dans l’iPod et le lecteur Archos du frère de l’auteur des tueries de Montauban et Toulouse, en mars 2012. Véritable manuel d’apprentissage terroriste, cet ensemble de « recommandations », certaines signées Al-Qaïda, constitue pour la partie civile un lien irréfutable entre l’idéologie de l’accusé et les actes de Mohamed Merah revendiqués au nom de ce groupe terroriste.
Al-Qaïda l’intriguait
Saisis dans l’appartement d’Abdelkader, les deux appareils ont livré aux policiers des éléments troublants. Renommées sous d’étranges appellations (« comportement oncle », « comportement soeur », « comportement copains »), plusieurs pistes audio stockées dans l’iPod sont en réalité des recommandations à destination des candidats au djihad. « On parlait tellement d’Al-Qaïda, je voulais savoir ce que c’était ce groupe-là, se défend le Toulousain poursuivi pour complicité d’assassinats. Avec ces audio, je rentrais dans le coeur de l’organisation, je voulais connaître leur projet, leur méthodologie. » Avec ces audio, écoutés et réécoutés au travail, « sur les chantiers », il pouvait aussi apprendre « l’arabe littéraire ». Citant l’extrait « Quand on veut assassiner quelqu’un, on le surveille », Me Patrick Klugman, avocat de la famille Sandler, interroge : « C’est de la géopolitique ou de la littérature ? » A la défense, Me Eric DupondMoretti enrage et dénonce des « traductions partielles », des contenus « noyés » dans des centaines d’autres fichiers plus neutres comme « des dessins animés ». En face, Mehana Mouhou, conseil de la famille Ibn Ziaten, tacle : « On ne lit pas Mein Kampf pour apprendre l’allemand, hein? » « On devait consacrer cette journée aux éléments portant sur l’association de malfaiteurs, mais nous ne l’avons pas fait ! » a fulminé Eric Dupond-Moretti. Après avoir précisé qu’aucun des fichiers détenus par son client n’avait été retrouvé dans l’ordinateur de Mohamed Merah, l’avocat a tenté, une dernière fois avant sa plaidoirie, de démonter la thèse de l’accusation. « Si vraiment j’étais affilié à Al-Qaïda, je le revendiquerais », a tranché l’accusé.