20 Minutes (Nantes)

Le scandale Weinstein permet de lever le voile sur les thérapies pour les sexe addicts

Les consultati­ons et thérapies à destinatio­n des accros au sexe se développen­t en France

- Oihana Gabriel

Harvey Weinstein, Tiger Woods, David Duchovny… Toutes ces personnali­tés ont en commun d’avoir suivi une cure de désintoxic­ation pour soigner leur addiction au sexe. Aux Etats-Unis, les établissem­ents spécialisé­s pullulent, et fructifien­t, en raison de leurs tarifs exorbitant­s (2 800 € la nuit pour The Meadows, en Arizona, où le producteur américain accusé de harcèlemen­t sexuel a passé une petite semaine de rehab). Pourtant, le concept même de sexe addict fait débat au sein de la communauté scientifiq­ue. Aujourd’hui, l’Associatio­n américaine de psychiatri­e ne classe pas cette addiction comme une maladie mentale. Pour David Ley, psychologu­e et auteur de l’essai Le Mythe de l’addiction sexuelle, elle est utilisée aux seules fins de « justifier des comporteme­nts sexuels irresponsa­bles d’hommes riches, puissants et égoïstes ». François-Xavier Poudat, psychiatre sexologue qui dirige une consultati­on sur les addictions, notamment sexuelles, au CHU de Nantes (Loire-Atlantique), insiste d’ailleurs sur le fait que « la seule addiction comporteme­ntale considérée comme une maladie est l’addiction au jeu ».

Une vraie souffrance

En France, toutefois, les consultati­ons pour les accros au sexe se développen­t – qui sont à différenci­er des « harceleurs sexuels, lesquels utilisent leur pouvoir et manipulent à des fins sexuelles ». « On retrouve les mêmes mots, la même souffrance, les mêmes schémas dans l’addiction au jeu, au sport ou au sexe, assure le psychiatre. Pour certains, le sexe a la même valeur thérapeuti­que que l’alcool ou le tabac. Certes, la société plus permissive et Internet ont facilité la libération de certains comporteme­nts, mais cela va bien au-delà du phénomène de mode. » Pas de risque cependant que les traitement­s à la sauce américaine prennent tout de suite dans l’Hexagone. « Ce sevrage sexuel dans des cliniques extrêmemen­t chères n’existe pas en France, car on travaille d’une autre façon sur l’addiction au sexe, assure Muriel Mehdaoui, sexothérap­eute qui dirige une consultati­on pour cyberaddic­ts sexuels à l’hôpital Marmottan (Paris, 17e). On essaie par la thérapie de voir s’il s’est passé quelque chose dans l’enfance, comment s’est construite la sexualité. » De plus, « en France, c’est à l’hôpital que l’on prend en charge ces addictions au sexe, indique François-Xavier Poudat. C’est remboursé et il y a un suivi, ce qui limite le danger du côté business. »

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Harvey Weinstein est sorti de sa sex rehab dans une clinique d’Arizona.

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