L’infanticide, d’abord une affaire de femmes
Les femmes sont plus souvent condamnées pour infanticide
C’était le 28 juillet. Le corps d’un enfant était découvert à Elven, dans le Morbihan. Le garçonnet de 9 ans avait été égorgé. Dans un mot retrouvé sur place, sa mère a renvendiqué son geste et expliqué « lui avoir administré quatre somnifères pour qu’il ne souffre pas », a indiqué le procureur de la République de Vannes, François Touron, dans un communiqué. Ce drame est malheureusement loin d’être isolé. En moyenne, au cours des dix dernières années, 57 mineurs âgés de moins de 15 ans ont été victimes d’homicides volontaires tous les ans. Et, en 2015, 64 enfants dont l’âge est connu ont été victimes d’un meurtre, révèle une étude de l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiée mercredi.
« Tous les milieux sont touchés, mais l’isolement social et affectif jouerait un rôle. » Michèle Agrapart-Delmas, auteure de Femmes Fatales
Dans leur immense majorité (72 % des cas), et à la différence des crimes d’adultes, les victimes avaient un lien familial avec leur bourreau. L’étude souligne notamment que « les personnes condamnées pour homicide sur mineurs de moins de 15 ans sont majoritairement des femmes ». Sur les 325 condamnations prononcées entre 1996 et 2015, 227 l’ont été à l’encontre de femmes. « Souvent, ce sont des mères qui tuent leur enfant », confirme Christophe Soullez, directeur de l’ONDRP. Comment l’expliquer? « Les interactions entre la mère et son enfant, qu’elles soient bienveillantes ou malveillantes, sont traditionnellement plus importantes sur le plan quantitatif que celles qui existent entre lui et son père. C’est donc normal que cela se ressente sur le plan statistique », analyse Mickaël Morlet-Rivelli, psychologue à Reims (Marne). Selon Michèle Agrapart-Delmas, auteure de Femmes fatales (éd. Max Milo), « tous les milieux sont touchés, mais l’isolement social et affectif jouerait un rôle ». Elle ajoute que « c’est parfois l’enfant “en trop”, celui qui a du retard, est un peu handicapé, celui qui est né d’une liaison adultère, qui va être le bouc émissaire d’une famille pathologique qui aura ainsi trouvé un mauvais objet, source de toutes les difficultés. C’est cet enfant qui sera tué par la mère. » Néanmoins, le nombre d’homicides sur les enfants a baissé par rapport à la période comprise entre 1997 et 2006, où 79 cas ont été recensés en moyenne chaque année. Christophe Soullez explique cette diminution notamment par une meilleure « prise en charge psychologique et médicale des femmes qui accouchent ». Mais, rappelle-t-il, de manière générale, les homicides ont diminué en France ces dernières années.