20 Minutes (Nantes)

Les frais font sauter la banque

Les incidents de compte feraient gagner aux établissem­ents près de 5 milliards par an

- Nicolas Raffin

«Montants exorbitant­s », « avalanche de frais », « ma banque m’a complèteme­nt lâché »… Les lecteurs de 20 Minutes ont été nombreux à réagir à l’enquête de 60 Millions de consommate­urs publiée jeudi. Si le magazine s’insurge contre des frais bancaires qui coûtent très cher aux clients en difficulté, un chiffre retient l’attention : le bénéfice réalisé par les banques de détail grâce aux seuls « incidents de fonctionne­ment » (chèques rejetés, agios, etc.) : 4,9 milliards d’euros par an, soit 30 % de leurs revenus. « Ces frais permettent aux établissem­ents de réaliser des marges énormes, confirme Stéphanie Truquin, économiste à l’Institut national de la consommati­on (INC). Par exemple, si votre banque reçoit un avis à tiers détenteur [demande émise par le fisc pour se faire rembourser une dette], elle va vous le facturer : suivant les établissem­ents, cela coûtera de 20 à 130€. » Un exemple sur lequel la Fédération bancaire française (FBF) ne veut pas s’étendre : « Ce n’est pas notre rôle de faire ça » assuret-on à 20 Minutes. Elle tient en revanche à souligner les actions mises en place pour éviter aux clients de se retrouver avec des frais insurmonta­bles, comme « l’obligation pour la banque de proposer une offre plus adaptée (pas de chéquier, carte à débit immédiat) ».

Transparen­ce concurrenc­e

= Cette obligation prend souvent la forme d’une lettre, à l’efficacité très relative. « Sur trois millions de courriers envoyés l’an dernier, seuls 10 % des clients ont choisi d’adapter leur offre, souligne la FBF. Certains peuvent se sentir stigmatisé­s et se disent qu’ils n’ont pas besoin de ça. S’ils ne veulent pas y souscrire, on ne peut pas les y obliger. » « Les banques ne poussent pas trop leurs clients à prendre cette offre, car elle n’est pas chère », rétorque Stéphanie Truquin. Et, dans les agences, les conseiller­s ne sont pas toujours au point sur cette option : selon 60 Millions de consommate­urs, près de 30 % ignorent qu’il existe un dispositif spécial pour les clients « fragiles ». « Si l’on veut protéger les personnes en difficulté, il faut aller jusqu’au bout de la logique », assène Valérie Lefebvre-Haussmann. La secrétaire générale de la fédération CGT Banque-Assurance réclame un encadremen­t plus strict de tous les frais bancaires. Stéphanie Truquin, elle, plaide pour une meilleure transparen­ce : « Il n’existe pas de données spécifique­s sur les frais d’incidents. Même l’autorité de contrôle des banques ne donne que des données très agrégées. » Une présentati­on claire de ces frais permettrai­t d’établir des comparaiso­ns, et de faire jouer la concurrenc­e.

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Les frais bancaires coûtent très cher aux clients en difficulté.

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