« Je n’ai pas choisi le style vandale »
En 1984, le street artist se fait connaître avec ses pochoirs dans la rue
Olivier Rizzo vient d’avoir 23 ans en cette année 1984. Il sort de cinq ans d’études d’art et commence à peindre sous le pseudo de Speedy Graphito. Il ne peint pas des toiles, mais la rue. Rencontre avec un street artist perçu comme un vandale par la société.
Pourquoi faire de l’art dans la rue alors qu’il y a des musées, des expositions, des galeries ?
Je me suis aperçu que la figuration libre offrait la possibilité aux jeunes de s’exposer dans les galeries. Malheureusement, elles se sont refermées aussi vite qu’elles se sont ouvertes. J’ai commencé à faire des pochoirs dans les rues pour montrer mon travail. Le style vandale n’est pas mon moteur, je n’ai juste pas le choix. J’ai envie de communiquer, de partager mon travail. Je mets même mon numéro de téléphone sous mes oeuvres.
Comment les gens voient-ils votre travail ?
Comme des dégradations. C’est pour cette raison que j’essaie de bien choisir mes supports. Je ne vais pas dégrader un mur. Je choisis par exemple des passages piétons, où la surface s’efface au passage des voitures, des piétons. Ou alors des murs abîmés, percés de fissures. Comme ça, je peux jouer avec.
Pensez-vous que votre art sera accepté, un jour ?
Je me suis déjà fait arrêter par les flics, ils ne savaient pas quoi faire de moi. Ils se demandaient : « Mais pourquoi ce gamin peint alors qu’il devrait dormir ? » Pour l’instant, les gens ne sont pas habitués, c’est nouveau. Peut-être que, dans dix ou vingt ans, les jeunes qui ont grandi avec cet art l’accepteront.
Votre but est-il d’entrer dans les galeries et les musées ?
Ce n’est pas mon obsession. Le plus important est de faire quelque chose que j’aime. Je préfère vendre mes peintures et passer mon temps à peindre, plutôt que de bosser à côté et avoir moins de temps pour la peinture.