Lumière sur la Dame en noir
La Philharmonie de Paris retrace la vie et l’oeuvre de Barbara
«Barbara vous prend par la main et sera avec vous tout au long du parcours », assure Clémentine Deroudille, la commissaire de l’exposition (lire encadré) de la Philharmonie de Paris consacrée à la chanteuse disparue il y a vingt ans. L’oeuvre et la vie de l’artiste sont retracées avec sa voix, qui résonne dans les haut-parleurs, ses mots couchés sur le papier et ses effets personnels, vestiges d’une intimité gardée précieusement.
Ses chansons prennent vie
La première salle de l’exposition montre des photos personnelles de la jeune Barbara. Autant d’images où l’insouciance n’était qu’une apparence. Parmi ses concerts de légende, l’exposition replonge dans ceux donnés sous le chapiteau de Pantin en 1981, le spectacle musical Lily Passion ou ses incursions au Japon. « L’Aigle noir », « Göttingen »… L’exposition recontextualise ces classiques de la chanson française et donne à voir les manuscrits sur lesquelles les chansons prennent vie en pleins et en déliés, parfois tachetés de ratures ou ornés de dessins. En 1973, elle s’installe dans une maison à Précy-sur-Marne (Seine-et-Marne), qui deviendra son cocon, jusqu’à la fin de sa vie. Une mise au vert que la scénographie de l’expo magnifie, en faisant apparaître dans un environnement champêtre certains de ses effets personnels, dont l’un de ses pianos. Dans un recoin, la voix de Barbara s’échappe d’un répondeur : ce n’est plus l’artiste que l’on entend, mais la femme enjouée qui contacte un ami. A la fin des années 1980, Barbara visite des prisons, où elle chante devant les détenus. Elle rejoint aussi le combat contre le sida, elle échange avec l’association Act’Up et écrit « Sid’amour à mort ». Une dizaine d’années plus tard, elle signera la chanson « Le Couloir », inspirée de ses rencontres avec des malades qu’elle allait visiter à l’hôpital. Ces actions menées avec discrétion sont ici mises en pleine lumière. A l’image de l’exposition, qui braque avec tendresse les projecteurs sur une artiste qui s’épanouissait dans le clair-obscur.