20 Minutes (Nantes)

Elle combat la Sécu pour percevoir toute sa retraite

Son changement de genre auprès de la Sécu la pénalise

- Oihana Gabriel

Hélène Hazera a cotisé toute sa vie, sur deux numéros de Sécu. Cette journalist­e trans, qui a travaillé pour Libération et Radio France, a raccroché le micro en septembre. Et en calculant ses droits à la retraite, elle a eu une mauvaise surprise. Elle devait toucher 1 800 € par mois… mais la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav), qui dépend de la Sécurité sociale, lui assure qu’elle ne pourra recevoir que 800 €. Mais pourquoi un tel écart ?

« Quand je rentre à Radio France, j’ai transformé mon numéro de sécu. » Hélène Hazera

Hélène Hazera a cotisé sous deux numéros de Sécu. De 1962 à 2000 avec un numéro commençant par 1, dévolu aux hommes. « Quand je rentre à Radio France, j’ai transformé de moimême le 1 en 2 [numéro pour les femmes] et j’ai envoyé une lettre à la Sécu pour expliquer que pour des raisons de discrétion, je souhaitais changer mon numéro, explique Hélène Hazera. Aujourd’hui, on me dit qu’ils ne peuvent pas tenir compte des années où j’ai cotisé avec un numéro 2 », c’est-à-dire de 2000 à 2017. Son interlocut­rice de la Sécu lui propose au téléphone de venir signer un document qui ampute sa pension de retraite de 1 000 €. Elle refuse. Et ne touche pas un centime depuis… « J’ai fait ma transition à 19 ans et là, je me retrouve à 65 ans en difficulté à cause de ce truc ridicule de 1 et 2, s’insurge la retraitée. Depuis tout ce temps, ils recevaient mes fiches de paie et je n’ai reçu ni alerte, ni courrier. » A la Cnav, on nie toute discrimina­tion. « Il y a peut-être eu un manque d’informatio­n du côté de cette personne ou un loupé du nôtre, tempère l’organisme. A partir du moment où il y a des bulletins de salaire, la retraite peut être recalculée. Sans parler seulement des trans, il arrive qu’une même personne ait deux, même trois numéros de Sécu et on peut fusionner les dossiers ». La Cnav assure que l’imbroglio devrait se régler rapidement, car « le problème de déclaratio­n avec un numéro 2 ne concerne que l’année 2006 ». Cependant, ce changement de numéro est lourd de conséquenc­e, car il démasque et indique explicitem­ent le changement de genre. Aujourd’hui, Hélène envisage de changer d’état civil. Une démarche qui passe par la case tribunal. « J’ai besoin d’une solution rapide, argue Hélène. Et je ne suis pas l’abri de tomber sur un procureur réactionna­ire ! » Pour lutter contre les désagrémen­ts administra­tifs qu’elle a rencontrés, elle souhaite aller plus loin et organiser une petite manifestat­ion.

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Hélène Hazera, 65 ans, ne perçoit plus un centime de sa pension.

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