Faites jouer les bons sentiments
Accepter de donner son jouet inutilisé nécessite un apprentissage pour l’enfant
La générosité, c’est un peu comme la politesse, ça s’apprend gamin. Sauf que tout parent pourra témoigner, demander aux petits de donner leurs vieux jouets est un exercice délicat, très délicat même. « Les enfants se construisent de manière autocentrée, ils ont besoin d’avoir plein d’objets et s’identifient à eux », explique la psychologue Florence Millot. Ce qui rend l’exercice compliqué, c’est que votre fille/fils ne va pas céder une petite voiture, mais « ses histoires, ses souvenirs ». Même si sa Porsche 911 Carrera au 1/18 dort dans une malle ou dans un placard depuis des mois, elle garde « une très forte valeur affective ». Partant de là, comment faire pour éviter la crise de larmes et les armoires qui débordent ? Première option : faire le tour de la chambre, tout en demandant à votre enfant s’il voit des jouets dont il ne se sert plus. « S’il n’y arrive pas, on peut le guider en lui disant "Est-ce que tu as joué avec celui-ci ces derniers temps ?" ». L’important reste « de partir de l’enfant », ajoute notre spécialiste. Si votre bambin se montre rétif, il peut être intéressant de s’amuser une dernière fois avec lui et l’objet en question, « de façon à remplir son réservoir affectif », avant de renouveler sa demande. Aussi, le don doit être concret. « Il faut que l’enfant puisse mettre une image sur celui ou celle qui va recevoir le don ».
Montrer l’exemple
Didi Sogoyou, la plume derrière le blog Premierefoismaman.fr, est également confrontée à ce genre de problème. « J’ai un fils de 3 ans et je lui explique toujours à quoi vont servir les choses que nous donnons. Je lui dis que des parents n’ont pas beaucoup d’argent, pas de travail… Au début ce n’était pas évident. » Maintenant, « il n’hésite pas à dire oui ». En plus d’illustrer, la blogueuse « montre toujours l’exemple ». « Les enfants ont besoin de faire comme leurs parents et ont tendance à se dire "si ma mère le fait, c’est que c’est bien". » Enfin, et parce qu’on n’est pas radin, voici le petit conseil en plus, signé Florence Millot, pour passer à l’étape supérieure. « Vers 7-8 ans, les parents peuvent donner à leurs enfants les moyens de réfléchir seul. » Le projet ? Lui monter des sites et des associations où il est possible de donner afin de rendre « l’enfant responsable et autonome ». Ensuite, ce sera « à lui d’y penser », au moment de faire le tri dans sa chambre.