Ils racontent Margaux Dubreuil
Les camarades de lycée de la Nantaise partie rejoindre Daesh en Syrie sont « choqués »
«Après l’avoir vue, j’ai pleuré… C’est tellement elle. Et c’est flippant. » En découvrant jeudi soir les images de son ancienne amie, voilée, le visage livide et amaigri, Estelle* est restée « choquée ». L’émission « Envoyé spécial » diffusait ce soir-là, sur France 2, le long témoignage d’une Française partie rejoindre Daesh en Syrie. Margaux Dubreuil, 27 ans, a quitté il y a quatre ans la région nantaise avec sa fille alors âgée d’à peine 2 ans. Arrêtée mi-octobre par les forces kurdes, elle exprime désormais le souhait de rentrer en France. Devant sa télévision, Jessica*, l’exmeilleure amie de Margaux, rencontrée en 2004 au lycée d’enseignement catholique Sainte-Marie-du-Port aux Sables-d’Olonne, n’a pas pu retenir ses larmes non plus. Elle ne cesse de se remémorer « les soirées où on faisait les fofolles » et les fiestas durant lesquelles « Margaux aimait chanter, boire et fumer un peu ». Au lycée sablais, la Nantaise faisait parler d’elle. « Elle faisait des conneries, défiait toute forme d’autorité », se souvient Jessica. « C’était un électron libre. Intelligente, drôle, ultra-forte et ultrafragile à la fois », approuve Estelle. Ses copains évoquent des parents séparés, un contexte familial compliqué, qui la rendait « carrément instable » voire dangereuse pour elle-même. Comme lorsqu’elle « se lacère le cou » après une mise à pied au lycée. Ou lorsqu’elle « pète littéralement les plombs et casse une bière sur un banc » après avoir été éconduite par un garçon.
« Une femme de martyr »
Pas de religion à cette époque. Le rapprochement de Margaux avec l’islam débute à son retour à Nantes, juste avant ses 18 ans. Elle se marie en 2011 puis donne naissance à sa fille. Son cercle vendéen n’a alors plus beaucoup de nouvelles. Jusqu’à cette discussion en mars-avril 2015 sur Skype. Margaux, remariée, annonce qu’elle est en Syrie « partie faire le Djihad ». « Mais ça va pas, rentre à Nantes! », implore Jessica. « Mon mari est mort au combat. Je suis une femme de martyr maintenant. Je vis dans le califat. Je suis bien », répond Margaux avant de montrer derrière elle la rue, « un champ de ruines », et un fusil-mitrailleur « accroché à un mur ». « Elle me dit alors qu’elle va partir quatre mois en Irak pour apprendre à combattre, raconte Jessica. Je ne sais pas si elle l’a fait. J’ai préféré couper les ponts. »