20 Minutes (Nantes)

La réforme vue par des agents de la SNCF

Le gouverneme­nt veut recourir aux ordonnance­s pour réformer l’entreprise

- Nicolas Raffin * Les prénoms ont été changés.

Les salariés de la SNCF vont bientôt en savoir un peu plus sur leur avenir. Ce mercredi, la ministre des Transports Elisabeth Borne dévoile le projet de loi qui va permettre au gouverneme­nt de légiférer par ordonnance­s pour réformer l’entreprise ferroviair­e. Qu’ils travaillen­t dans les gares, à bord des trains, ou sur les voies, ils sont nombreux à avoir témoigné auprès de 20 Minutes pour raconter leur quotidien et dire leurs craintes – et parfois leurs espoirs – suscités par la réforme. Beaucoup ont d’abord voulu mettre les choses au clair. Pour Bruno*, les cheminots sont loin d’être des « privilégié­s ». « A 50 ans passés, je suis toujours en horaires décalés, explique cet agent de circulatio­n installé à Bayonne. Je suis en poste de 4h30 à 12h30 pendant quatre jours, j’ai deux jours de repos, et j’enchaîne avec quatre jours de nuit (20h30 – 4h30). Je passe Noël en famille tous les quatre ou cinq ans seulement, les gens ne le savent peutêtre pas. » Le tout pour un salaire de 2300 € brut par mois, « après trentesept ans de carrière ».

« Tout se paie ! »

D’autres salariés ont insisté sur les conditions de départ à la retraite. Normalemen­t, les conducteur­s peuvent partir à 52 ans, et les autres agents à 57 ans. Mais la réalité est parfois différente. « Je devrai partir à 64 ans et demi pour bénéficier d’une retraite à taux plein », indique François*, qui travaille dans un poste d’aiguillage. Depuis la réforme de 2008, les agents SNCF nés après 1973 devront cotiser quarantetr­ois ans pour avoir leur retraite complète. « Celui qui n’a pas besoin d’argent peut partir à 55 ou 57 ans, juge Bruno. Mais quand il faut payer les études des enfants, vous êtes bien obligés de rester jusqu’au bout. » Le statut des cheminots a lui aussi été évoqué. Pour Aurélie*, agent commercial­e dans les Hautsde-France, « [le] supprimer ne résoudra pas les problèmes de l’entreprise et risque de diviser les salariés, entre ceux qui auront le statut, et ceux qui ne l’auront pas. » Julien*, lui, propose une voie médiane : « A la SNCF, il y a trop de monde dans les bureaux, et pas assez sur le terrain. Le statut devrait être réservé à ceux qui ont des conditions de travail pénibles. » Cette pluralité d’opinions se retrouve aussi lorsque l’on aborde le futur de la SNCF. « Je ne suis pas contre la réforme, affirme Sébastien*. Mais ceux qui réclament l’ouverture à la concurrenc­e sont parfois les mêmes qui s’insurgent lorsqu’il faut payer 50 centimes pour utiliser les toilettes en gare. C’est la base même du privé, tout se paie ! »

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Les agents de la SNCF refusent d’être qualifiés de « privilégié­s ».

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