La chevauchée réaliste
« Hostiles » frappe par la modernité de son récit
Le western fait un retour tonitruant sur les écrans avec Hostiles de Scott Cooper. Le réalisateur des Brasiers de la colère retrouve Christian Bale, qui affirme plus que jamais sa nature de comédien caméléon en apparaissant, méconnaissable, en officier contraint d’escorter un chef indien mourant (incarné par Wes Studi) sur ses terres tribales, en 1892. Bientôt accompagnés par une jeune femme traumatisée par le massacre de sa famille (Rosamund Pike), les deux ennemis jurés sont contraints de cohabiter. « Ces événements auraient pu se produire à n’importe quel moment de l’histoire américaine », explique Scott Cooper. La modernité de son récit frappe le spectateur, bien que le film s’inscrive gaillardement dans la tradition du western crépusculaire.
Des humains brisés
Entre le Cheyenne emprisonné par les colons et le soldat qui le hait, les rapports sont explosifs, mais finissent par se teinter d’un respect mutuel. « Il ne pouvait être question de livrer une oeuvre manichéenne, précise le réalisateur. Je tenais à être pertinent sur les questions raciales, qui sont plus que jamais d’actualité. » Il n’y a pas de héros dans Hostiles, juste des êtres humains brisés par une guerre qui les a contraints à commettre des actes épouvantables. Menacés par des Comanches ivres de vengeance, les soldats en bleu et les Cheyennes qui escortent les héros font cause commune pour sauver leur peau. « Je ne cherche à diaboliser ou à angéliser personne, insiste Scott Cooper. Je tente de montrer une période brutale de l’histoire, dans l’espoir que cela fera réfléchir les spectateurs sur ce qui se passe aujourd’hui aux Etats-Unis. » La peur de l’autre est l’un des thèmes centraux de ce film puissant. Pour autant, le charme des westerns d’antan reste omniprésent dans ce voyage dépaysant où chacun tente de sauver sa peau. « Le western est un genre que j’ai toujours aimé comme spectateur, raconte Scott Cooper. J’en ai toujours apprécié le côté épique, et c’est ce que j’ai tenté de recréer. » Le cinéaste a su trouver l’équilibre parfait entre une vision moderne des rapports humains et un cinéma traditionnel droit dans ses bottes.